08/09/20
Sciences humaines et sociales
Très récemment, dans un tweet remarqué, la présidente de la région île de France, Valérie Pécresse, avait souhaité à ses lecteurs une « joyeuse fête de l’Assomption ».
Son message se voulait un hommage à la Vierge Marie, une figure biblique qui inspirerait aussi bien croyants que non-croyants, expliquait-elle. Si la phrase a pu fâcher certains, elle ne paraît pas anodine : qui sont exactement ces « non-croyants » que la politique cherche ici à fédérer ?
Et surtout, qu’est-ce qu’être « non-croyant » ? Il est relativement complexe de brosser un panorama de la religiosité et donc de l’irréligion en France et en Europe de l’Ouest : en effet les deux sont de plus en plus mêlées.
Il existe bien sûr des minorités de personnes très convaincues, soit religieusement engagées, soit clairement athées, refusant toute idée religieuse (étymologiquement, être athée, c’est être « sans dieu »).
Mais beaucoup d’individus sont en fait souvent hésitants, mixant un peu de croyances avec beaucoup d’indifférence religieuse et de perplexité sur l’existence d’un ordre supra-humain.
En France, une forte progression d’« incroyants » depuis les années 1960
Jusqu’à la Révolution française, se revendiquer comme athée était presque impossible. C’est avec la IIIe République et la loi de 1905 sur la laïcité que la liberté de ne pas croire est vraiment complètement reconnue. Mais, jusque dans les années 1960, la religion catholique exerce un pouvoir important sur la société.
Les enquêtes et sondages convergent pour affirmer une progression démographique de l’athéisme. Au début des années 1950, très peu de Français ne se disaient pas affiliés à une religion ; mais selon l’enquête européenne sur les valeurs (EVS), réalisée tous les 9 ou 10 ans depuis 1981, ils étaient, en 2018, 58 % dans cette situation contre seulement 27 % en 1981.
- Retrouvez l'intégralité de cet article co-écrit par Anne-Laure Zwilling, anthropologue des religions, ( CNRS / Université de Strasbourg ) sur theconversation.com