30/11/20
Droit, économie et gestion
Ces dernières années, l’Algérie a été marquée par de nombreuses mobilisations populaires portant sur des enjeux de politique interne et internationale, mais également sur des enjeux sociaux et économiques. Les manifestants se prononçaient alors en faveur de processus institutionnels plus démocratiques.
Une volonté que l’on retrouve parallèlement en entreprise, comme nous avons pu l’observer dans nos recherches récentes. Il en ressort que les entreprises algériennes, confrontées à la recherche de l’excellence internationale, tentant généralement de combiner l’éducation et l’apprentissage de nouvelles pratiques de management avec cette aspiration profonde pour des processus institutionnels plus démocratiques.
L’espace de l’entreprise et celui des institutions politiques restent poreux dans toutes les évolutions sociétales. Parfois, les usages et les pratiques naissantes devancent les évolutions qui ont lieu dans les rapports de pouvoir présents au sein des entreprises.
Une étude sur les entreprises dans le grand Est (très influencées par le protestantisme sous l’influence de la Réforme) du 17e siècle à nos jours, fait par exemple état de chartes régissant le fonctionnement intérieur de ces organisations. Il y apparaît que jusqu’au début du 20e siècle, les journées de travail de plus de 10 heures sont souvent assorties d’une interdiction de pauses. Mais parfois les leviers de l’histoire s’inversent. C’est ce que nous percevons pour l’Algérie depuis plusieurs années.
Le management au service de la démocratie
Si dans l’espace public, les Algériens sont des citoyens libres de voter, de s’exprimer et de s’associer, qu’en est-il dans l’entreprise ? Sont-ils sommés d’obéir ou ont-ils la possibilité de participer aux décisions ? Le syndicaliste français Hyacinthe Dubreuil (auteur de nombreux ouvrages sur l’organisation des entreprises) dénonçait, dès le début des années 1930, le grand écart entre la libération du citoyen, permise alors par la démocratisation des institutions et le statut des salariés considérés selon l’auteur comme des corps étrangers dans l’entreprise.
Un siècle plus tard, paradoxalement, il semble qu’en Algérie, comme dans de nombreux autres pays, le mouvement ait suivi un cheminement inverse, et que l’évolution du management des entreprises, en tous cas de certaines des plus importantes d’entre elles, ait contribué à la montée en puissance de la demande de démocratie.
- Retrouvez l'intégralité de cet article de Gilles Lambert, professeur en sciences de gestion à l'Université de Strasbourg sur theconversation.com