En 1953, le premier cours de littérature néerlandaise est dispensé par le professeur Jean Dagens à l’Université de Strasbourg. 65 ans plus tard, une centaine d’étudiants en licence et deux enseignants constituent ce « petit » département. Cet anniversaire est l’occasion de découvrir un cursus encore méconnu du grand public qui fait la fierté de Roberto Dagnino, responsable du département d’études néerlandaises.
22/05/2018
Le maître de conférence, qui en a la charge depuis 2015, tourne le fait d’être un « petit » département à son avantage : « l’Europe du Nord est généralement perçue comme un ensemble uniforme, alors que ce concept est bien plus complexe. Nous profitons de nos effectifs réduits pour travailler en étroite collaboration avec nos collègues du département d’études scandinaves. »
Objectif : « permettre aux étudiants à travers une analyse comparative des pays qui constituent cette entité de prendre du recul, d’avoir une vision plus globale mais aussi plus précise de ce qu’est l’Europe du Nord et ainsi mieux comprendre les caractéristiques de chaque Etat, que ce soit en terme de littérature ou d’enjeux sociétaux », souligne Roberto Dagnino.
L’occasion aussi de mettre au placard quelques idées reçues sur cette région souvent méconnue qui pâtit d’une vision stéréotypée : « le protestantisme est par exemple vu comme porteur du libéralisme en Europe du Nord vers les années 60, mais c’est faux ! Les protestants aussi étaient en partie conservateurs et les situations diffèrent en fonction des pays. »
Des collaborations pour améliorer la notoriété du département
L’ambition de développement du cursus se traduit notamment par des interactions avec le monde professionnel. « Nous discutons avec de plus en plus d’entreprises locales qui sont en attente de personnels pouvant communiquer en néerlandais du fait des liens commerciaux étroits entre la France et les Pays-Bas. »
Le partenariat avec l’association Van Doesburg (du nom du peintre et architecte néerlandais) s’inscrit également au cœur de cette démarche : « notre collaboration a par exemple permis la rénovation de l’Aubette dans les années 90. Depuis, nous continuons à travailler ensemble. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons choisi de nous associer à l’Aubette dans le cadre de ce double anniversaire pour créer l’exposition de posters. » Cette dernière retrace le parcours particulier des 90 ans de l’Aubette et son évolution au fil du temps, influencée par plusieurs artistes néerlandais de l’époque. Une rétrospective à observer sans modération à la bibliothèque des langues, au Patio, jusqu’au 28 septembre 2018.
Romain Hirt
L’Aubette en bref
Good to know
L’Aubette est un immeuble de facture classique, à la face nord de la place Kléber, la place centrale de Strasbourg. Il a été construit de 1765 à 1778. Le bâtiment a d’abord une vocation militaire : il abrite un corps de garde, la Chambre des logements militaires ainsi que la Chambre de la Maréchaussée. L’ensemble est désigné "Aubette" en raison des relèves de la garde militaire qui s’effectuaient chaque jour à l’aube devant le bâtiment. Après moult mésaventures et réhabilitations, l’édifice s’offre une nouvelle vie dès 1922. A l’époque, les frères Horn, promoteurs immobiliers, sollicitent la ville de Strasbourg pour obtenir un bail pour l’aile droite de l’Aubette. Leur projet est d’y installer un complexe de loisirs sur 4 niveaux. En 1926, ils en confient l’aménagement intérieur aux artistes Sophie Taeuber-Arp et Hans Arp avec la participation du peintre et architecte Theo Van Doesburg. En concevant les décors, le mobilier et la typographie, les trois artistes veulent créer une "œuvre d’art totale" et réalisent ainsi une création majeure du modernisme. L'aile gauche du bâtiment, indépendante du complexe de loisirs, a été transformée en espace commercial qui a ouvert ses portes en septembre 2008.