La journée mondiale des astéroïdes de ce vendredi 30 juin visent à sensibiliser sur les risques encourus par une chute d’astéroïde ou de comètes. Ces objets célestes sont perçus comme une menace, mais nous leur devons peut-être notre existence… Pierre-Alain Duc, directeur de l’Observatoire astronomique de Strasbourg, nous livre son éclairage.
30/06/2017
Le risque d’une collision avec la Terre est-il réel et même probable ?
Le risque est réel, mais tout dépend dans quelle échelle de temps on se place. Le passé nous apprend qu’il y a eu des vagues d’extinction d’espèces directement liées à la chute d’un astéroïde. La plus connue est celle qui a entrainé la disparition des dinosaures, il y a 65 millions d’années. Il est donc évident que la collision d’un astéroïde de grande taille avec la Terre constitue le plus grand risque d’extinction de l’humanité, en dehors de la menace que l’homme représente pour lui-même et son environnement. Mais il faut avoir à l’esprit que la chute d’un tel astéroïde est un phénomène qui n’est relativement fréquent qu’à l’échelle de temps géologiques. Les risques immédiats restent donc extrêmement faibles. Et puis, pour remettre les choses en perspective, l’existence même de l’homme est sans doute due au fait qu’un astéroïde ait mis fin au règne des dinosaures et permis l’essor de nouvelles espèces.
L’étude des astéroïdes à risque mobilise-t-elle les chercheurs ?
Oui, le grand défi est d’identifier tous les géocroiseurs, c’est-à-dire les astéroïdes susceptibles de croiser l’orbite terrestre. Des réseaux de télescope ont été mis en place pour pouvoir les repérer et déterminer leur trajectoire. Des milliers sont ainsi suivis. Pour autant, il y a un risque que certains passent inaperçus. Il n'y a pas si longtemps, la NASA estimait n'avoir recensé que 10% des géocroiseurs.
A partir de quelle taille ces objets célestes deviennent-ils dangereux ?
Des astéroïdes de moins d’un mètre entrent très fréquemment dans l’atmosphère, mais ils s’y désagrègent sans causer d’impact. A partir d’une dizaine de mètres, ils peuvent provoquer des dégâts. En février 2013, un astéroïde de moins de 20 mètres s'est fragmenté au-dessus de la Russie en causant plusieurs ondes de choc faisant des dégâts matériels et des blessés. Des astéroïdes de 50 mètres peuvent dévaster une forêt entière, comme cela s'est produit en 1908 en Sibérie [le 30 juin, ndlr]. Selon les estimations, un tel événement ne se produit qu’une fois tous les mille ans. Les comètes aussi peuvent être dangereuses. Elles le sont même potentiellement plus car leur orbite excentrique les rend parfois difficiles à repérer. En 1994, la comète Shoemaker-Levy qui s'est s'écrasée sur Jupiter n’a été repérée qu’un an auparavant.
Au-delà des risques qu'ils représentent, que nous apprennent les astéroïdes et les comètes ?
Ces objets célestes nous renseignent sur les premières roches du système solaire car ils ont subi très peu de transformations au cours du temps. On pense que les comètes ont apporté l'eau sur Terre et peut-être même la vie. On a en effet retrouvé des molécules très complexes à leur surface. Sans le bombardement de comètes, les conditions nécessaires à l’apparition de la vie sur Terre n'auraient peut-être jamais pu être réunies…
Propos recueillis par Ronan Rousseau
Un « chercheur de comètes » à l’Observatoire astronomique de Strasbourg
Good to know
« A l’époque, l'une des missions de l'observatoire était de repérer les objets passant dans le ciel et notamment les comètes. L’observatoire disposait ainsi d’un "chercheur de comètes". Cet instrument était constitué d'une chaise munie d’une lunette que l’on pouvait déplacer le long de la terrasse de la coupole grâce à des rails. Les astronomes de Strasbourg passaient ainsi leur nuit à scruter le ciel avec cet instrument pour recenser tous les corps en mouvement. Aujourd’hui, ce type de recherche se fait de manière totalement automatisée avec des télescopes braqués en permanence sur le ciel. »
- Depuis les années 1970, la mission principale de l’observatoire est de collecter des catalogues d'astres provenant de partout dans le monde pour y répertorier tous les objets nouveaux dans le ciel. Grâce à ce travail mobilisant une quarantaine de personnes, l’observatoire possède un centre de données unique au monde. « Dès qu'un astronome souhaite connaître la position d'un astre, il interroge nos bases de données. »