17/12/2019
Série 10 ans de recherche épisode 10. Filmé en 2018 avant son départ pour un « lifting » dans un atelier spécialisé, nous retrouvons le globe de Coronelli plus d’un an après à l’observatoire astronomique de Strasbourg. Un projet de restauration mené par l’observatoire et le Jardin des sciences et réalisé avec l’appui des initiatives d’excellence et d’un financement participatif via la fondation de l’Université.
Une grosse caisse en bois trône dans le hall de l’observatoire depuis le 27 novembre dernier. Après 6 mois de restauration, le globe de Coronelli, un globe céleste d’un mètre de diamètre vieux de plus de trois siècles, attend son heure. « Il était en piteux état », se souvient Pierre-Alain Duc, directeur de l’observatoire astronomique de Strasbourg, dans le bureau duquel le globe était installé.
Pour lui donner un second souffle, ce globe historique est mis au vert en mai dernier près de Châteauroux où il est confié aux mains expertes de deux restaurateurs. Dans l’atelier, « l’objectif est de garder un maximum d’éléments originels », confie Delphine Issenmann, chargée de l’inventaire et des collections de l’Université de Strasbourg. Cette dernière se rend à son chevet à plusieurs reprises, accompagnée de Jean Davoigneau, chargé du patrimoine scientifique au ministère de la culture et membre du comité constitué pour accompagner la démarche de restauration.
Le papier recouvrant la surface du globe est nettoyé mais pas remplacé. « L’important est que toutes les figures astronomiques soient visibles », souligne Pierre-Alain Duc. Là où il y a des lacunes, le papier manquant est réimprimé grâce à des fichiers en possession de la restauratrice qui a déjà travaillé sur un autre globe de cette catégorie. « Il faut savoir que tous les globes de Coronelli, du nom d’un moine vénitien cartographe, partent d’une même édition de papier. C’est ensuite la finition qui les rend unique », explique Delphine Issenmann qui précise que tous les ajouts sont consignés dans un document.
La restauration permet également de comprendre comment est formé le globe. « Nous avons pu voir l’intérieur et découvrir l’emploi de feuilles imprimées pour créer sa structure, sur le modèle du papier mâché », raconte Pierre-Alain Duc. Le challenge Facebook « reconnaissez-vous ces textes », a permis de déterminer qu’il s’agissait de pamphlets du 17e siècle et ainsi confirmer la date de création du globe en 1697.
Et maintenant ? « Nous allons travailler à la conception d’un dispositif scénographique pour présenter le globe dans le hall d’entrée de l’observatoire », détaille Delphine Issenmann. Ce dernier se trouvera alors sur le chemin du parcours de visite menant à la grande lunette. Un parcours pédagogique dédié au patrimoine de l’observatoire est aussi en réflexion. Sous cloche, le globe bénéficiera d’un éclairage particulier permettant de ne pas l’altérer et d’éviter les reflets.
Le globe de Coronelli sera également scanné et intégré aux outils développés par le Centre de données astronomiques de Strasbourg (CDS). Cette infrastructure de recherche propose notamment des représentations du ciel à différentes périodes. « Avec le globe, nous aurons une navigation dans le ciel tel qu’il était vu à cette époque », souligne Pierre-Alain Duc qui précise qu’un dispositif de projection devrait permettre de le manipuler de manière virtuelle. Ce travail permettra aussi de montrer comment la recherche a évolué. Le globe devrait être dévoilé aux yeux du grand public au printemps prochain.
Marion Riegert
L’Université de Strasbourg fête ses 10 ans. L’occasion de partir à la rencontre des chercheurs et ainsi mettre en lumière chaque mois une recherche ayant eu lieu entre 2009 et 2019. Voir comment ces dernières ont évolué à travers le temps débouchant parfois sur des impasses ou donnant lieu à de nouvelles découvertes. Retrouvez tous les articles de la série sur notre timeline.
