Spécialiste de l’histoire de l’Église et des ordres monastiques au Moyen-Âge, Benoît-Michel Tock est à l’initiative d’un projet de recherche ambitieux, rassemblant une dizaine d’experts français : mettre en ligne des milliers de textes médiévaux qui sont bien souvent autant d’archives inédites.
Depuis dix ans, une dizaine de chercheurs de différentes universités françaises a commencé à référencer et à transcrire quelque 20 000 chartes médiévales sur Chartae Galliae, une base de données numérique accessible gratuitement en ligne. Sur ces 20 000 actes écrits qui servaient à l'époque de gage juridique, 2 000 étaient jusqu'ici inédites. Et au total, on estime qu'il existe environ 100 000 chartes médiévales encore inédites à ce jour en France.
Benoît-Michel Tock, chercheur au laboratoire Arts, civilisation et histoire de l'Europe (ARCHE), a été le coordinateur de ce projet qui portait en priorité sur l'ensemble des chartes copiées dans des monastères cisterciens. Ces archives sont toutes antérieures à la fin du XIIIe siècle, et nous renseignent notamment sur les institutions, le droit ou encore la vie économique dans la France du Moyen-Âge.
Chartae Galliae est aussi une base de données analytique : chaque charte a fait l’objet d’une fiche d’analyse indiquant l’auteur, le bénéficiaire, son diocèse, la date, le genre diplomatique, l’authenticité… Sans oublier la référence à la source, manuscrite ou imprimée, utilisée. Via un moteur de recherche interne, il est donc possible de trouver les actes donnés par les évêques de Nevers dans la seconde moitié du XIIe siècle, les lettres datant du XIe siècle… Et bien entendu les deux types de requêtes peuvent être croisés : on peut aussi interroger l’usage du mot officium dans les chartes épiscopales du XIIe siècle, par exemple.