Le sociologue William Gasparini est l’un des quatre chercheurs français à avoir obtenu une chaire Jean Monnet attribuée par la Commission européenne. Il s’agit pour lui d’un doublé après celle obtenue en 2015. Son programme de recherche et d’enseignement sur le sport comme laboratoire d’européanisation est le seul dans ce domaine à avoir été distingué par la commission.
21/10/2020
de l'unité de recherche Sport et sciences
sociales. Photo MR
Pour William Gasparini la recherche s’inscrit sur le temps long et cette deuxième chaire intitulée « Le sport passeur d’Europe » lui permet de poursuivre les travaux engagés dans le cadre de la précédente. « Il s’agit notamment d’interroger le sentiment d’appartenance ou de résistance à l’Europe de citoyens ordinaires qui ne se perçoivent pas comme européens alors que paradoxalement, ils se passionnent pour les compétitions sportives européennes. »
Pour constituer un réseau de chercheurs, mener des enquêtes, organiser des séminaires et publier ses résultats, le chercheur disposera de trois ans et d’un financement de 50 000 euros. Il devra également consacrer 90 h d’enseignement à la thématique. Les étudiants seront partie prenante du travail de terrain : « l’idée d’une chaire c’est aussi d’enseigner à partir de la recherche. »
Percevoir l’Europe à travers le football et le basketball
Une première étude sera menée avec le master Etudes européennes et internationales de Sciences Po Strasbourg pour déterminer comment les classes populaires perçoivent l’Europe à travers le suivi des compétitions européennes de basketball et de football. « Lors d’une précédente enquête, des députés européens m’avaient confié que leur premier contact avec l’Europe s’était fait au travers des championnats sportifs. Les savoirs d’Europe ne sont pas seulement des savoirs technocratiques, ce sont aussi des savoirs ordinaires. »
Mais cette image de l’Europe peut être erronée. « Pour de nombreux jeunes des quartiers, l’Europe c’est l’UEFA et ses compétitions, or celle-ci compte 55 pays membres dont la Russie ou la Turquie... », rapporte le sociologue qui souhaite également mettre en place un partenariat privilégié avec l’université de Bologne où la même enquête sera proposée.
Le sport pour enjamber les frontières
Le chercheur souhaiterait également élargir cette étude à des pays hors Union européenne. « J’ai comme projet de travailler avec un chercheur de Rabat afin de comprendre comment les jeunes marocains perçoivent l’Europe, toujours à travers le football et le basketball. L’adhésion au spectacle sportif s’accompagne-t-elle d’une construction mentale de l’Europe ? », précise William Gasparini.
Autre enquête en cours : avec le master Sport et aménagement des territoires de la Faculté des sciences du sport (Staps) sur le sport transfrontalier au niveau de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau. Cyclisme, randonnée, piscine, football… « Nous allons interroger la nature des liens qui se créent par-delà les frontières via le sport. En parallèle, le même travail sera mené par d’autres équipes franco-espagnoles et italo-suisses. Le sport peut être un laboratoire pour questionner la notion de frontière », conclut le chercheur.
Marion Riegert
- Pour aller plus loin sur les recherches de William Gasparini lire aussi : « Le foot, vecteur de radicalité ? » ou encore « Quelle place pour les femmes dans le sport ? »
- Pour en savoir plus sur les chaires Jean Monnet.
Une seconde chaire Jean Monnet à Strasbourg
Plus d'informations
Deuxième titulaire strasbourgeois d’une chaire Jean Monnet intitulée « Governance of Integrated Urban Sustainability in Europe », Philippe Hamman, chercheur au sein de l'unité mixte de recherche Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe, s’intéresse à la durabilité urbaine en Europe : ses acteurs, ses processus et leur gouvernance, non seulement d'un point de vue environnemental mais aussi social. « C'est-à-dire analyser une durabilité intégrative, là où parfois certaines initiatives comme les écoquartiers renforcent des lignes de partage socio-économiques sous couvert de "verdissement". » Les trois thématiques annuelles retenues sont : Les mobilités urbaines durables et partagées en Europe (2020-2021) ; Villes et énergies en Europe (2021-2022) ; Ville juste et écologie populaire en Europe (2022-2023).
Dans le cadre de cette chaire, le chercheur organise ce semestre un cycle de conférences en ligne via BBB réunissant des spécialistes de sciences sociales. Le séminaire propose de discuter et de diffuser les résultats de recherches récentes et d’expériences en cours sur la gouvernance multi-niveaux et intégrative de la durabilité urbaine en Europe à l'exemple des mobilités dans et autour des espaces urbains.
