Série 10 ans de recherche épisode 3. Créé en 2011 dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir, le Groupe de recherche expérimental sur l’acte musical (Gream) touche à sa fin. Après 10 ans d’existence, le seul laboratoire d’excellence en France portant la mention musique, souhaite miser sur l’interdisciplinarité pour trouver un second souffle.
01/04/2019
La genèse ?
Créé en 2011 dans le cadre de la première campagne des laboratoires d’excellence, le Gream s’intéresse à l’acte musical et la question de la production de la musique à travers une approche interdisciplinaire (littérature, sociologie, mathématiques, théologie…) « La musique est vue comme un acte qui se réalise dans une dimension publique, intersubjective et sociale reconnu en tant que tel grâce à une composante technique, symbolique liée à la culture », précise Alessandro Arbo qui a pris la suite de Pierre Michel à la direction du Gream. « Le sujet permet de toucher aux musiques improvisées ou encore à la tradition orale, des domaines peu étudiés par rapport à l’écrit », ajoute Julie Walker, chercheuse au sein du groupe de recherche.
Qui ?
Le Gream compte principalement des chercheurs du laboratoire Approches contemporaines de la création et de la réflexion artistique mais aussi de l’équipe d’accueil Configurations littéraires, de l’unité mixte de recherche Cultures et sociétés en Europe, de l’équipe d’accueil Philosophie allemande et de l’Institut de recherche en mathématique avancée. Il comprend un bureau directeur, un comité de pilotage scientifique composé des membres du bureau directeur et de chercheurs internationaux et une quarantaine de membres. Soit au total quelque 70 personnes.
Comment ?
Formé autour de trois axes de recherche, dans un souci de flexibilité, le Gream s’est réorganisé autour d’une dizaine de groupes de travail. Musique et mathématiques, approche et perfectionnement de la création musicale, musique et espace urbain… les thématiques sont variées et placées sous le signe de l’interdisciplinarité. La recherche expérimentale est particulièrement mise en avant et s’illustre par différents travaux, notamment ceux de Pavlos Antoniadis, qui a développé un outil de contrôle et d’analyse du geste pianistique. « Un groupe des jeunes chercheurs comprenant des doctorants et de jeunes docteurs a été mis en place en 2013. Il permet de travailler en équipe, de générer de l’émulation, sans oublier de favoriser l’insertion dans le monde de la recherche », souligne Julie Walker.
Quoi ?
Colloques, journées d’études, workshops, séminaires, résidences, publications... différentes activités ont lieu tout au long de l’année. Pour échanger autour de l’état de leurs recherches, de la vie du groupe, partager une lecture intéressante… les jeunes chercheurs se réunissent chaque mois en alternant entre un format séminaire et une rencontre autour d’un café. Chaque année, une journée d’étude est organisée pour les jeunes chercheurs européens. En 2019, elle a eu lieu le 9 février sur le thème de la musique dans les autres arts mais aussi de la subjectivité et de l’objectivité dans le monde de la recherche. « Surtout lorsque le compositeur n’est plus là pour parler de son œuvre », glisse la chercheuse.
Et après ?
Après 10 ans de fonctionnement, le financement prendra fin en 2020. « Le groupe de recherche a atteint une certaine renommée », explique Julie Walker. Pour continuer d’exister, le Gream va postuler à un nouveau financement à travers un projet tourné vers toujours plus d’interdisciplinarité avec une ouverture aux neurosciences, à l’archéologie ou encore à la psychologie cognitive. « Nous avions déjà des partenariats avec la Haute école des arts du Rhin (HEAR), l’Université de Karlsruhe… Avec ce nouveau projet, nous souhaitons aller plus loin via des collaborations avec Londres, Turin… » L’occasion aussi de changer de nom pour devenir l’Institut de recherche interdisciplinaire sur l’acte musical et interartistique (Iriami).
Marion Riegert
La musique à l’ère du web
Plus d'informations
Parmi les groupes de travail du Gream, l’un d’eux, créé en 2015 et coordonné par Alessandro Arbo, s’intéresse à la musique à l’ère du web. « A l’origine, il travaillait sur l’enregistrement. Comment ce dernier a modifié les manières de faire la musique. Il faut imaginer que pour la première fois, il était possible de garder un son, de l’analyser, ce qui est différent de l’analyse d’une partition. Les chercheurs avaient par exemple des traces de chants de pygmées », détaille Julie Walker. L’enregistrement est la première étape avant l’ère du web et des applications de musique sur laquelle le groupe de travail s’est penché par la suite. « Cela pose la question du statut de l’œuvre musicale : est-ce que c’est une partition ? Un CD ? Un concert ? De nos jours il y a tellement de moyens d’écouter de la musique », précise la chercheuse qui souligne qu’un colloque dont les actes sont en préparation a été organisé en janvier sur le sujet.
10 ans de recherche à l’Université de Strasbourg
Good to know
L’Université de Strasbourg fête ses 10 ans. L’occasion de partir à la rencontre des chercheurs et ainsi mettre en lumière chaque mois une recherche ayant eu lieu entre 2009 et 2019. Voir comment ces dernières ont évolué à travers le temps débouchant parfois sur des impasses ou donnant lieu à de nouvelles découvertes. Retrouvez tous les articles de la série sur notre timeline.