Les trois lauréats alsaciens du concours de Ma thèse en 180 secondes ont été dévoilés mardi 27 mars. Leur défi ? Présenter leur recherche de manière claire et accessible en 3 minutes, nous avons, nous aussi, décidé de relever un challenge en vous les dévoilant en 180 mots.
28/03/2018
Une émission télévisée sur la reproduction saisonnière des animaux
Prix du jury, Clarisse Quignon suivait le concours depuis quelques années déjà. « Je me suis toujours dit que si je faisais une thèse j’y participerai ! » C’est chose faite, la doctorante qui ne s’attendait pas à ce niveau de vulgarisation, a opté pour une émission de télévision : T=M180, un clin d’œil à E=M6. Tour à tour présentatrice, journaliste de terrain en reportage, elle a poussé le détail jusqu’au bout en ponctuant sa présentation d’une page de publicité sur le CRISPR-Cas9, outil de génétique qu’elle utilise pour ses recherches.
Durant sa présentation, le public a pu découvrir sa thèse sur la reproduction saisonnière des animaux, réalisée à l’Institut des neurosciences cellulaires et intégratives. « J’étudie comment l’animal parvient à se reproduire au bon moment de l’année pour avoir des naissances au printemps. » Pour ce faire, Clarisse Quignon cherche des protéines présentes dans le cerveau qui contrôlent le lien avec l’axe de reproduction. « Actuellement, nous travaillons à développer un hamster génétiquement modifié car les modèles animaux que nous avons (souris/rats) ne sont pas des animaux saisonniers. »
La fable du Grand hamster et de l’agriculteur
Autre hamster, autre style. Florian Kletty, prix du public, travaille sur la restauration d'une diversité biologique dans les milieux agricoles au moyen de pratiques agricoles innovantes, à l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien. « J’étudie à la fois les espèces animales vivants dans les parcelles agricoles et les pratiques des agriculteurs. » Le tout, afin de voir si la biodiversité se porte mieux chez ceux qui utilisent des pratiques innovantes pour recréer des sols vivants.
Première étape pour le doctorant : étudier les effets de différents types de cultures sur le Grand hamster. « Je les nourris en laboratoire avec plusieurs sortes de grains pour voir ce que l’on peut conseiller aux agriculteurs afin de sauvegarder l’espèce et par extension d’autres espèces présentes sur les parcelles. » Pour présenter sa recherche, Florian Kletty, adepte des Fables de La Fontaine a opté pour l’alexandrin. « C’est l’occasion de faire un peu de poésie pour transmettre quelque chose de scientifique », souligne le jeune chercheur pour qui participer à Ma thèse en 180 secondes a été l’occasion de se familiariser avec la vulgarisation scientifique.
Le nerf, un cheveu comme les autres
Santiago Salazar Botero, prix lycéen, travaille sur l’optimisation de la réparation et de la régénération nerveuse au sein du Laboratoire des sciences de l'ingénieur, de l'informatique et de l'imagerie. « J’ai observé que la réparation actuelle des nerfs n’était pas bonne », raconte le doctorant qui cherche à comprendre comment un nerf sain se comporte mécaniquement en étudiant le nerf sciatique du rat et de doigt de cadavres.
Pour ce chirurgien orthopédiste colombien arrivé en France récemment, participer à Ma thèse en 180 secondes est un défi personnel. « Je l’ai fait pour améliorer mon expression orale mais aussi parce que je pense que c’est un devoir d’informer les gens sur ce que l’on fait dans la recherche », explique le doctorant qui a misé sur l’humour. « Ce n’est pas courant de pouvoir faire rire en médecine, là j’en ai profité. » Durant sa présentation, Santiago Salazar Botero décide ainsi d’utiliser sa perte de cheveux comme prétexte pour montrer que la repousse du nerf n’est pas égale chez tout le monde au même titre que la pousse des cheveux…
Marion Riegert
Un concours national
Good to know
Ma thèse en 180 secondes est une action organisée à l’échelle nationale par le CNRS et la Conférences des présidents d’université (CPU). L’ensemble des universités françaises participe à ce concours. Début avril, une demi-finale nationale sélectionnera les 16 participants à la finale nationale du 13 juin à Toulouse. A Strasbourg, 24 candidats doctorants des Universités de Strasbourg et de Haute-Alsace se sont présentés pour cette édition organisée par le Jardin des sciences et la délégation Alsace du CNRS. 12 ont été présélectionnés pour la finale alsacienne qui a eu lieu jeudi 22 mars sur le campus de l’Esplanade. Chaque candidat a eu trois minutes pour présenter son projet de recherche avec l'appui d'une seule diapositive devant un public de lycéens l’après-midi puis en soirée devant 700 personnes, en présence d’un jury constitué de cinq personnalités du monde de la recherche, de la culture, des médias et du secteur économique. Les noms des trois lauréats ont été dévoilés mardi 27 mars. Deux d’entre eux, Clarisse Quignon et Florian Kletty, participeront à la demi-finale nationale à Paris.