Depuis 2014, Nicolas Sananès travaille au sein du laboratoire Biomatériaux et bioingénierie (Inserm / Unistra) à l’amélioration du dispositif d’occlusion trachéale fœtale par endoscopie. Il permet de développer les poumons des fœtus atteints de hernie diaphragmatique. Jeudi 22 février, le gynécologue-chercheur a tenu une conférence dans le cadre du Jardin des sciences pour présenter ses avancées.
27/02/2018
« La hernie du diaphragme compte parmi les malformations dont peut être atteint le fœtus. Elle se caractérise par un trou dans lequel des organes abdominaux peuvent passer et se retrouver dans la cage thoracique empêchant par là même le développement des poumons et entrainant à la naissance un taux de mortalité de 30% à 50% », explique Nicolas Sananès qui œuvre à l’amélioration d’une technique médicale développé depuis quelques années : l’occlusion trachéale fœtale par endoscopie. Un sujet approfondi pendant une thèse au sein du laboratoire Biomatériaux et bioingénierie, sur lequel il continue de travailler.
« L’idée est de se focaliser sur le problème, à savoir le développement des poumons. Nous utilisons la fibre optique pour aller dans la poche des eaux, passer dans la bouche du fœtus, les cordes vocales et la trachée. Là, un petit ballon destiné à la boucher est lâché. Les sécrétions des poumons sont ainsi retenues créant une hyperpression qui entraine le développement des poumons », poursuit ce gynécologue spécialisé dans la médecine fœtale.
Paris, Barcelone, Londres, Louvain… Cette technique est réalisée dans une petite dizaines de centres dans le monde mais elle a ses limites. « D’abord il faut que la patiente reste à proximité du centre, de la mise en place du dispositif, aux alentours de 6 mois de grossesse, à son extraction vers 7,5 mois. » Autre problème : le retrait du ballon qui entraine un risque de prématurité. « C’est une technique compliquée, révolutionnaire mais limitante », souligne le gynécologue dont l’objectif est de créer un nouveau dispositif dont le retrait soit simple, non invasif et commandé à distance.
Des tests sur la brebis
« Comme il y a peu de cas, pas beaucoup de fonds, l’enjeu est de développer un dispositif peu cher et donc le plus simple possible. » Son idée ? Utiliser un ballon en latex avec une petite bille aimantée à l’intérieur et un cylindre métallique à sa base. Lorsqu’il est mis en place, une fois gonflé, la bille assure l’imperméabilité du ballon. Pour le retirer, il suffit de mettre la patiente devant un IRM qui n’est rien de plus qu’un gros aimant. Ce dernier attire la bille, le ballon se vide et avec la pression, il est recraché dans la poche des eaux.
Pour développer son idée, Nicolas Sananès a notamment obtenu une bourse de la Fondation de l’avenir ainsi que le prix Casden du jeune chercheur, sans oublier des fonds de la Banque publique d’investissement. Ces financements, lui ont permis de sortir un premier prototype il y a deux ans, produit par le laboratoire BS Medical Tech Industry. En 2017, un brevet a été déposé. Prochaine étape en mars : « Nous allons tester le dispositif chez la brebis en collaboration avec l’équipe de Louvain et le professeur Jan Deprest, une star mondiale dans le domaine. C’est important aussi de garder un lien avec le laboratoire car le soignant sait ce dont il a besoin et les chercheurs savent ce que l’on peut faire.»
Si l’essai est concluant, d’autres tests réglementaires attendent le chercheur et pourquoi pas une application chez l’homme d’ici deux ans et la création d’une antenne spécialisée dans le domaine à Strasbourg.
Marion Riegert
Good to know
Nicolas Sananès est gynécologue obstétricien aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg. Passionné d'innovation, son domaine de prédilection est la thérapie anténatale.