Série 10 ans de recherche épisode 7. Dans une étude publiée en 2015 dans Cell Reports, l’équipe de Dominique Bagnard (aujourd’hui associée à l’Unité Inserm 1119 / Université de Strasbourg) dévoilait une nouvelle approche thérapeutique aux résultats prometteurs pour traiter notamment les cancers du sein et du cerveau. Cinq ans plus tard, la technique est étendue à d’autres maladies.
27/09/2019
Le récepteur HER2 est connu pour son implication dans le cancer du sein. Situé dans la membrane cellulaire, il permet de faire le lien entre le milieu intérieur de la cellule et son environnement. Chez certaines patientes, les récepteurs HER2 se trouvent en plus grand nombre et contribuent à la progression de la maladie. Jusqu’à récemment, les stratégies thérapeutiques visaient à inhiber l’activité du récepteur sans pouvoir impacter la formation des métastases.
Une réduction des métastases
L’équipe de Dominique Bagnard envisage le problème différemment. Pour être fonctionnel, le récepteur doit interagir avec un second récepteur. Le point de contact s’établit sur une zone appelée domaine transmembranaire. « Nous avons créé un petit peptide jouant le rôle de leurre conçu pour adhérer au point de contact. Faisant ainsi en sorte que l’excès de signalisation responsable de la tumeur et des métastases soit contrecarré », détaille le neurobiologiste qui mène différents tests sur des modèles animaux présentant des caractéristiques de cancers du sein mais aussi du cerveau. Résultat : une réduction des métastases et de la taille des tumeurs.
Fort de ce constat et en vue de produire un peptide thérapeutique, Dominique Bagnard s'allie à deux autres scientifiques pour fonder la société Peptimimesis en 2015. Elle développe aujourd’hui ses propres projets dans le domaine. « Le problème pour créer un candidat médicament, c’est que les peptides sont hydrophobes donc difficiles à manipuler. Par ailleurs, nous n’arrivons pas complétement à guérir les métastases, mais nous allons essayer de faire des combinaisons avec d’autres thérapies existantes. »
Apprendre de tout
Côté recherche, « nous avons étendu l’utilisation de notre concept de peptides thérapeutiques transmembranaires à d’autres cibles et d’autres récepteurs impliqués dans différents cancers. » La technique est également testée sur différentes maladies comme la sclérose en plaques. « Dans ce cas, une accumulation de signaux inhibiteurs empêche l’arrivée des cellules fabricant la myéline pour réparer les lésions. Grâce à un peptide spécifique, nous avons pu bloquer un des récepteurs de ces signaux ce qui a permis de préserver la myéline et ainsi diminuer les symptômes de la maladie dans des modèles murins de la sclérose en plaques. » L’étude vient d’être publiée dans le journal EMBO Molecular Medicine.
L’équipe fait également partie du Labex Medalis. « Ce qui nous donne la chance d’accéder à beaucoup d’équipements de pointe. Nous avons mis au point une plateforme de design de peptides thérapeutiques qui permet d’aller de l’analyse in vitro au modèle préclinique sur les souris et d’avoir différentes approches. En 5 ans, nous avons gagné en quantité et en qualité. Nous apprenons de tout et commençons à bien maitriser notre technologie. »
Marion Riegert
- Retrouvez l'article publié en 2015 dans le numéro 23 du magazine Savoir(s).
10 ans de recherche à l’Université de Strasbourg
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L’Université de Strasbourg fête ses 10 ans. L’occasion de partir à la rencontre des chercheurs et ainsi mettre en lumière chaque mois une recherche ayant eu lieu entre 2009 et 2019. Voir comment ces dernières ont évolué à travers le temps débouchant parfois sur des impasses ou donnant lieu à de nouvelles découvertes. Retrouvez tous les articles de la série sur notre timeline.