Joffrey Zoll, spécialiste de la mitochondrie et des muscles squelettiques étudie les effets du sport et de certains régimes alimentaires sur des modèles animaux. L’occasion d’opérer un petit retour par la préhistoire pour mieux comprendre les réactions de notre organisme en matière d’addiction au sucre et de stockage des graisses.
Du sport…
Tennis, VTT en compétition et aujourd’hui course à pied, Joffrey Zoll a le sport dans la peau. Quand il n’entraine pas ses enfants à son exercice favori, ce passionné s’y attaque par le microscope. « Les muscles représentent 50% de notre organisme. Ils sont faits pour se contracter. Problème, lorsqu’ils ne sont pas utilisés, l’organisme ne les entretient pas, la personne perd en force », souligne le chercheur de l'équipe d'accueil Mitochondrie, stress oxydant et protection musculaire.
Une erreur stratégique car le muscle est un moyen d’utiliser les substrats énergétiques présents dans l’alimentation. « Autrement dit lorsqu’une personne fait du sport, au lieu de se transformer en graisse, les sucres et les lipides vont dans le muscle qui les stocke et les utilise. » Dans le cas contraire ces deniers s’accumulent dans le tissu adipeux ce qui conduit à une augmentation de la masse graisseuse, le foie devient gras et des problèmes d’obésité ou de diabète apparaissent.
…à la nutrition…
Le sport va de pair avec une bonne nutrition. Le chercheur s’intéresse notamment aux lipides issus de l’huile de coco. « Ce sont des lipides à 8 carbones, plus courts et plus facilement métabolisés, qui possèdent des propriétés différentes des autres huiles. » Pour son expérience, Joffrey Zoll remplace 50% des apports de lipides par de l’huile de coco dans un groupe test de souris obèses sans changer le nombre de calories ingérées. « Nous avons pu montrer que la prise de poids était moindre ainsi que le stockage au niveau du foie et des tissus adipeux. Manger qualitativement améliore la santé. »
Autre test mené actuellement : le régime cétogène, comprenez sans sucres. Chocolat, plats préparés… Les mauvais sucres sont présents partout dans notre alimentation, augmentant l’acidité de notre corps et créant un terrain inflammatoire. « Le régime testé sur les souris était aussi riche en calories que celui fourni aux autres modèles mais sans les sucres remplacés par des graisses. » Les résultats de l’expérience sont en cours mais « l’idée est de montrer qu’il y a une perte de poids. »
… la faute à Cro-Magnon
Pour comprendre notre addiction aux sucres il faut remonter à la préhistoire. « Lorsque qu’une personne consomme du sucre, cela libère les neurotransmetteurs du plaisir et de la récompense. » A l’époque de la préhistoire, ce système permettait de stimuler l’homme d’alors pour aller vers le sucre c’est-à-dire partir à la recherche de fruits ou de baies. Ce mécanisme de survie est celui-là même qui conduit aujourd’hui à l’obésité car les sucres proposés ont bien changé.
Une problématique renforcée par des années de sélection génétique pour garder les meilleurs stockeurs de graisse. « Aujourd’hui, nous sommes restés de bons stockeurs mais nous avons arrêté de faire du sport », constate le chercheur qui précise que « le génome a évolué dans un environnement actif, le corps a besoin d’exercice physique pour bien fonctionner. Sans cela, de nombreux mécanismes ne sont pas activés. »
Marion Riegert
- Pour aller plus loin, rendez-vous mardi 15 octobre de 12h à 14h au Collège doctoral européen. Joffrey Zoll en duo avec Soraya Uberti, PDG de la société Uberti, interviendra lors d’une rencontre organisée par le Service relations Alumni, intitulée « Quels aliments privilégier pour prendre soin de soi et performer ? »
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1 - Prendre un gros petit déjeuner mais attention les jus de fruits sont une fausse bonne idée. « Les vitamines y sont ajoutées artificiellement et il y a beaucoup de sucre », souligne Joffrey Zoll qui conseille de privilégier pour l’apport en glucides le miel ou du sucre complet comme le rapadura et pourquoi pas carrément enlever le sucre de l’alimentation de temps en temps sur 5 à 6 semaines.
2- Consommer les fruits en dehors des repas : Idéalement les fruits doivent être consommés 15-20 minutes avant les repas ou entre ces deniers pour bien être digérés.
3- Faire du sport trois fois par semaine : « Mais attention il faut y aller progressivement en commençant par exemple par des séances de 30 minutes et en augmentant la durée jusqu’à une heure en trouvant une activité qui vous fait plaisir. »