09/04/20
Droit, économie et gestion
Un argument est souvent avancé pour justifier le paiement de pots-de-vin dans certains pays : la corruption ferait partie de la culture locale, il faudrait savoir s’adapter.
Ces derniers jours, en contact avec la filiale indienne d’une entreprise occidentale, j’ai été surpris par l’expression « exigences éthiques » que mes interlocuteurs répétaient. Il m’a fallu du temps pour comprendre que leur attente n’était pas tant que leur direction générale s’adapte aux pratiques locales, mais qu’elle leur interdise tout paiement de pots-de-vin. Mes interlocuteurs précisaient bien qu’ils risquaient alors de perdre les appels d’offres en cours. Mais ils avaient surtout choisi de respecter l’éthique avant leur obligation de résultat.
« S’adapter à la culture locale » n’est pas seulement un euphémisme. C’est une approche simpliste qui confond le constat d’une situation, parfois désastreuse, et un système de valeur constitutive d’une culture. La confusion est fréquente.
Il est vrai que corruption et culture sont difficilement mesurables. Établir une corrélation entre les deux l’est encore plus.
Certains ont tenté l’exercice en créant un indice composite, le Power Balance Freedom, qui agglomère des éléments tels que l’inégalité homme-femme, le fait d’avoir été ou non colonisé, l’espérance de vie, le niveau d’éducation… Ils concluent à une forte corrélation avec l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Cela reste très intéressant, mais ne dit rien de l’acceptabilité de la corruption dans une culture donnée.
- Retrouvez l'intégralité de cet article de Paul Labic, doctorant à l'Université de Strasbourg, sur theconversation.com