04/12/20
Vie et santé
Ces changements drastiques ont provoqué l’extinction de grandes proportions de la vie, et l’on recense près de 10 évènements d’extinction massive lors de l’histoire géologique. Malgré cela, animaux et végétaux ont toujours trouvé un chemin résilient, poursuivant l’aventure de l’évolution sur notre planète.
Pour comprendre comment certains de ces organismes sont arrivés à faire face au stress environnemental, il faut se pencher sur une définition de ce qu’est un stress et en particulier du phénomène appelé « adaptation ».
Un stress peut être défini comme un évènement qui conduit à une réduction du succès reproducteur ou du taux de survie des individus. L’adaptation, c’est la réponse des individus qui tend à limiter la portée de ces effets néfastes. Celle-ci peut se faire via la sélection des individus porteurs des gènes les plus efficaces, ou par des modifications immédiates du comportement (comme la migration) ou du fonctionnement de l’organisme (comme la réduction de la dépense énergétique en période de restriction alimentaire).
L’énorme différence entre ces deux mécanismes concerne la vitesse à laquelle ils peuvent agir : l’adaptation génotypique étant bien plus lente que l’adaptation phénotypique. La seconde peut apporter des réponses aux défis que nous impose le réchauffement climatique… Encore faut-il que nous acceptions d’y faire face.
L’heure n’est plus à la transition
Depuis 1990, les médias relayent régulièrement les rapports des scientifiques du GIEC sur le changement climatique ; mais ceux-ci demeurent peu accessibles aux non-initiés malgré « les résumés pour décideurs » d’une trentaine de pages qui accompagnent ces rapports et leur « traduction citoyenne » initiée en 2018.
L’utilisation qui en est faite par les gouvernements reste d’autre part plutôt obscure pour le commun des mortels. Rappelons qu’il n’est pas évident de se sentir concerné par des prévisions de modifications climatiques qui s’étalent sur des dizaines, des centaines d’années !
Pour que nous nous adaptions, il faut cesser de parler de « transition écologique » et de « développement durable » : leur temps n’est plus, en tout cas pour ce qui concerne le devenir des générations actuelles. Non pas que réduire l’impact de l’humain sur l’environnement à long terme ne soit pas noble et urgent, mais la sémantique utilisée est trompeuse.
Depuis cinquante ans, les scientifiques alertent sur la situation et l’avenir de notre environnement ; les années 1990-2010 auraient dû être celles de la transition écologique. Jusqu’ici les enjeux économiques ont toujours primé sur les enjeux écologiques. À chaque nouveau stress environnemental, nous cherchons un retour à la normale alors qu’est venu le temps de s’adapter.
- Retrouvez l'intégralité de cet article de Francois Criscuolo, chercheur en écophysiologie à l'Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC), sur theconversation.com