À la recherche du bonheur

16/03/2018

 « Il est où le bonheur ? », s’interrogeait Christophe Maé dans sa chanson, Sarah Schimchowitsch, elle, ne le chante pas mais l’étudie. Bien plus qu’un axe de recherche, cette quête est devenue pour cette chercheuse CNRS en psychologie positive une philosophie de vie. Dans le cadre de la journée du bonheur, elle revient sur cette notion après laquelle tout le monde semble courir.

Comment définir le bonheur ?

« Michaël Dambrun et Matthieu Ricard proposent deux types de bonheur : Le premier est lié au bien être subjectif, à la recherche du plaisir, de la satisfaction, c’est un bonheur à court terme, attaché au matériel. Le second est lié à la recherche d’harmonie en soi et avec les autres, il permet de développer la compassion, la bienveillance. Il se place sur le long terme. Ce bonheur-là demande de la conscience. »

Peut-on l’atteindre ?

« C’est souvent après un choc (divorce, décès) que les personnes se tournent vers une quête intérieure. Dans une société où le changement est permanent, le bonheur ne peut pas dépendre des circonstances extérieures comme le matériel ou l’affectif. Les traditions orientales disent qu’il est en nous. Mais quand prend-on le temps de se demander : qu’est-ce qui me rend heureux ? » Arrêter de courir, développer son attention au moment présent, apprécier les fleurs en train de naitre, l’air que l’on respire, s’ouvrir aux autres sont autant de clés permettant d’avancer sur le chemin du bonheur qui est propre à chacun.

Où en est notre civilisation ?

Nous sommes dans une société ultra protectrice, anxiogène, mais cela ne devrait pas durer… Selon Marc Halévy, tous les 500 à 550 ans, la société entre dans un nouveau cycle. « Il y a eu les Grecs, puis les Romains… notre société actuelle est basée sur les idées du siècle des Lumières selon lesquelles le progrès apportera le bonheur. » Chaque cycle se termine par une période de crise avant de laisser place à une nouvelle ère prévue pour notre civilisation vers 2025. Déjà, des changements se profilent avec l’émergence de réseaux d’entraide, de questionnements autour de l’alimentation, l’éducation ou l’écologie. « C’est à nous de nous retrousser les manches pour faire que notre société commence à aller mieux. Le bonheur est à construire. » Un conseil ? « Appliquer les trois « M » : « moins mais mieux. » » 

Le bonheur peut-il soigner ?

« Durant une recherche effectuée avec une équipe de chirurgie digestive, nous avons observé que les patients atteints d’un cancer colorectal affichant une forte satisfaction de vie étaient ceux qui récupéraient le mieux et le plus vite après une opération. L’étape suivante est de proposer à tous les patients un accompagnement de gestion du stress et de bien-être avant et après l’opération », explique Sarah Schimchowitsch qui précise que l’Organisation mondiale de la santé commence à s’intéresser à la santé mentale positive et à ses effets potentiellement préventifs. Un domaine en pleine expansion grâce à la psychologie positive, un courant de recherche qui se développe depuis les années 2000. »

Et vous, vous l’avez trouvé ?

« C’est une bonne question, je crois que je suis sortie en grande partie du mélodrame et ça change de perspective. On peut faire face aux difficultés en gardant en soi la clé de la joie. S’il y a un travail à faire sur le chemin du bonheur, c’est d’apprendre à s’aimer tel qu’on est pour mieux aimer les autres. Et être conscient du moment présent : le bonheur ne peut s’expérimenter que quand on est pleinement présent, esprit et corps ensembles. »

Propos recueillis par Marion Riegert

Des bienfaits de la méditation sur le cerveau

Good to know

La méditation est un élément essentiel dans la quête du bonheur. Formée en neurosciences Sarah Schimchowitsch s’est intéressée à la régénération du cerveau avant de se tourner vers les effets de la méditation dans le cadre de recherches menées au sein du laboratoire de psychologie des cognitions. « Il y a une énorme plasticité cérébrale, la pratique de la méditation permet de moduler l’activité de certaines zones et de modifier les circuits neuronaux. Cela a un impact au niveau cognitif et émotionnel : plus d’attention, moins d’agitation mentale, moins de réactions automatiques inadaptées », note Sarah Schimchowitsch qui a pu observer que la méditation permet de réduire l’activation non consciente et non intentionnelle des préjugés. D’autres études sont actuellement menées en collaboration avec le docteur Jean-Gérard Bloch qui a créé un diplôme universitaire Médecine, méditation et neurosciences à Strasbourg.

Pour aller plus loin, voir aussi notre dossier intitulé Neurosciences et méditation

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