Activité de plein air, développement durable et éducation seront au cœur de la journée d’étude organisée par Christophe Schnitzler et Iris Chabrier-Trinkler, membres de l’équipe de recherche Sport et sciences sociales. Le 15 janvier de 9h30 à 17h30 les différents intervenants débattront à la Maison interuniversitaire des sciences de l'homme – Alsace (MISHA) autour du thème : « La nature comme impératif moral ? »
14/01/2020
Sommaire
La genèse
« La thématique du développement durable, qui est en plein essor, n’est pour l’instant que peu intégrée aux questions d’éducation, notamment dans le système scolaire. De mon côté, travaillant depuis longtemps dans le domaine des activités scolaires de plein air, je me suis dit qu’il y avait là un lien, pour l’instant inexistant, à établir », souligne Christophe Schnitzler. En parallèle, ce dernier remarque que dans le laboratoire plusieurs chercheurs s’intéressent à la thématique des activités de nature à travers des disciplines variées : histoire, éducation, psychologie. « L’idée de cette journée est d’initier un travail interdisciplinaire tout en conviant différents experts internationaux pour partager nos recherches. »
Le thème
La journée aura pour objectif d'analyser les impératifs moraux liés aux utilisations de la nature. Cette question, a priori paradoxale, s’explique par le fait que « la notion de nature est une construction sociale très occidentale. Le lien à cette « nature » implique ainsi des relations et des devoirs qui sont de l’ordre de la morale », explique Christophe Schnitzler qui a classé ces impératifs moraux en trois catégories : « Aller dans la nature, exploiter notre environnement et sauver la nature. Certains étant contradictoires. »
Qui
Après cette vue d’ensemble, place à huit conférences avec notamment un regard critique sur les modèles traitant du mode de vie durable. L’angle marketing sera également présent à travers une étude sur le développement des activités de plein air en Chine : « ou comment en combinant communisme et capitalisme on développe un produit qui vend les bienfaits de la nature tout en la détruisant par ailleurs. »
Vers un projet
La journée marque une première étape vers la construction d’un projet plus ambitieux que nos deux chercheurs aimeraient voir naitre d’ici deux ans. « L’idée est de lancer une dynamique en direction de l’activité physique et d’un mode de vie durable », souligne Iris Chabrier-Trinkler. Et pour ne pas faire les choses à moitié : la journée d’étude sera également placée sous le signes du développement durable du point de vue de son organisation.
Marion Riegert
- Retrouvez l'intégralité du programme.
- Pour aller plus loin lire aussi notre article : Comment rendre les élèves accros à l’activité physique ?
Du Friluftsliv…
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Lors de son intervention Christophe Schnitzler proposera une typologie des différents concepts éducatifs que peuvent promouvoir les activités de plein air. Il sera accompagné de Hakon Engstu (Université de Telemark, Norvège) qui évoquera le système éducatif norvégien. « L’éducation Norvégienne aux activités de plein air est en avance sur ce qui est proposé en France où il n’y a aucune obligation de mettre les élèves en contact avec le milieu naturel. » En Norvège, une 3e année de licence éducation physique et sportive à destination des étudiants internationaux est entièrement consacrée à l’éducation physique de plein air . « Dans une optique de valorisation du rapport sensible à l’environnement, un tiers de l’éducation physique et sportive doit se dérouler en contact avec la nature. Il y a même obligation pour chaque élève d’y passer une ou plusieurs nuit avant la fin des études secondaires. » C’est l’idée du « Fristluvliv », littéralement la vie en plein air, une pratique pédagogique issue du courant romantique du 19e siècle. « Paradoxalement, c’est également la pratique de loisir la plus polluante en Norvège car elle nécessite l’utilisation de voitures pour se rendre sur les lieux d’activité ou encore d’équipements spécifiques. »
… à l’école du dehors
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Iris Chabrier-Trinkler s’intéressera, pour sa part, à la posture pédagogique utilisée dans des projets d’éducation par la nature à travers la comparaison d’un jardin d’enfant en forêt allemande avec l’école du dehors mise en place dans une maternelle de Hautepierre à Strasbourg. Un projet soutenu par le département du Bas-Rhin dans lequel la cour de l’école a notamment été dé-bétonnée et réaménagée avec des haies et autres bacs à légumes. « Toute la question étant de savoir comment adapter l’enseignement, par la nature, pour rendre les citoyens de demain responsables, confiants et capables », souligne Iris Chabrier-Trinkler qui a obtenu un Idex pour mener sa recherche.