Alain Wagner, lauréat de l'Académie des sciences : « croire en soi et en son idée »

23/11/2021

Faisant rimer recherche et entreprise, Alain Wagner, directeur de l'équipe de Chimie biofonctionnelle du Laboratoire de conception et application de molécules bioactives, est lauréat du Prix Seqens de l'Académie des sciences et de la médaille Berthelot. Le chercheur s'intéresse notamment à l'utilisation de réactions chimiques en milieux biologiques pour développer de nouvelles stratégies en vue de manipuler les systèmes vivants.

Né en Moselle, Alain Wagner étudie à Strasbourg. « Pour ne pas avoir à rentrer tous les jours chez mes parents », plaisante le chercheur. Licence de chimie puis maitrise, « ni bon ni mauvais », il réalise un parcours sans fausse note. Arrivé au DEA, désireux de faire de la chimie de synthèse, il est orienté vers Charles Mioskowski, directeur de l’équipe de Chimie bioorganique. « Nous avons discuté chimie plusieurs heures, il était aussi Mosellan, je pense que c’est en partie pour ça que j’ai été pris dans son équipe… »

Après sa thèse, direction San Francisco pour un post-doctorat au sein d’une start-up où il travaille sur les anticorps catalytiques et la synthèse combinatoire. « C’était la première fois que je prenais l’avion, je ne parlais presque pas anglais… Quand j'ai été recruté, les locaux étaient en ruine, deux ans plus tard, à mon départ, il y avait plus de 200 personnes travaillant sur trois sites flambant neufs, c’était vraiment une start-up à l’Américaine avec des moyens quasi illimités », se souvient Alain Wagner qui gardera le gout de l’entreprenariat toute sa vie.

La chimie in vivo

En 1994, le chercheur réintègre le laboratoire de Charles Mioskowski avec un poste CNRS. Il y ramène son travail sur la synthèse combinatoire, les empreintes moléculaires, sans oublier les nanotechnologies. En 2001, nommé directeur de recherche, il monte sa première boite, Novalyst Discovery, et prend une mise à disposition pour la diriger. Passant de 0 à 60 employés en 6 ans, il y développe d'abord des robots de synthèse et un système d'intelligence artificielle pour reconstituer à partir de réactions simples la réactivité des molécules complexes.

En 2006, la société fusionne avec une autre pour devenir Novalix. « Elle grandissait mais mon poste était beaucoup dans la gestion et je n’exploitais plus mes qualités de chercheur », raconte Alain Wagner qui décide de reprendre le laboratoire de Charles Mioskowski alors décédé d'un cancer. Une période difficile en raison du retour à la complexité académique mais aussi d’une baisse de salaire.

Après avoir mené à bien les recherches en cours, le chercheur décide de réorienter l’activité de l’équipe vers la chimie in vivo. « De la chimie sur et dans les milieux biologiques en vue de former et rompre des liaisons dans un milieu vivant. Un domaine quasi vierge où les défis sont multiples. Par exemple, si l’on injecte un réactif dans un animal il faut tenir compte du système dans lequel il va s’implémenter. Une réaction lente en solution chimique peut ainsi être très rapide dans le plasma. »

Du fondamental à l’applicatif

En parallèle, en 2009, il crée une nouvelle start-up eNovalys qui propose notamment la mise en commun des cahiers de laboratoire électroniques afin de pouvoir en extraire des informations grâce à un nouveau système d'intelligence artificielle. Sans oublier en 2014, le lancement de la start-up Syndivia hébergée à l’Institut de science et d'ingénierie supramoléculaires et développant des immunothérapies. « J’aime aller du fondamental à l’applicatif final », souligne le chimiste pour qui une idée ne vaut rien tant qu’elle n’est pas réalisée.

Petite dernière en date : Microomix. Née en 2021, elle développe une technologie novatrice d’analyse à travers une machine capable de repérer et trier des cellules immunitaires qui produisent des anticorps d’intérêt. « Ce sera un beau succès, nous sommes dans une bonne temporalité », glisse Alain Wagner qui souhaite prendre une nouvelle disponibilité pour y jouer un rôle actif.

A 57 ans, ces prix de l’Académie des sciences sont pour lui une reconnaissance par ses pairs. « Je ne sais toujours pas trop pourquoi ils m’ont choisi », sourit le chercheur. Un conseil pour les jeunes générations ? « Il faut croire en soi et en son idée. Sans oublier de se confronter aux critiques, c’est la seule manière de progresser. Dans la recherche, le problème c’est souvent l’ego, il est important de garder de la distance avec son travail et aussi de savoir faire des choix... »

Marion Riegert  

Andrey Klymchenko, lauréat du Prix du Dr et de Mme Henri Labbé

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Ce prix de l'Académie des sciences est décerné à Andrey Klymchenko, chimiste, directeur de recherche CNRS l’équipe Nanochimie et bioimagerie du Laboratoire de bioimagerie et pathologies. À l’interface entre chimie et biologie, il conçoit des molécules et nanoparticules fonctionnelles - sondes fluorescentes. Il a mis au point des concepts universels de détection et de bioimagerie par des sondes moléculaires sensibles à leur environnement et développe des nanoparticules fluorescentes d’une brillance sans précédent à base de polymères et de lipides pour le diagnostic du cancer. Ses travaux ont été récompensés par la Médaille de bronze du CNRS en 2010.

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