Le professeur Ayikoé Guy Mensah-Nyagan compte parmi les 40 membres seniors nommés en 2020 à l’Institut universitaire de France (IUF). Le directeur de l’unité Inserm 1119 Biopathologie de la myéline, neuroprotection et stratégies thérapeutiques revient sur sa carrière débutée à l’Université de Lomé au Togo.
06/10/2020
Ayikoé Guy Mensah Nyagan a appris la bonne nouvelle en juillet, il compte désormais parmi les membres seniors de l’Institut universitaire de France. « J’ai passé le concours en 2019, c’était la première fois que je me présentais », raconte le chercheur qui avoue y penser depuis quelques années déjà. « Je me suis autocensuré. C’est un gros dossier, j’avais d’autres responsabilités, mais chaque année je voyais les appels passer et à force d’entendre les encouragements de mes collègues qui m’incitaient à postuler, je me suis lancé. »
Cette nomination vient récompenser une carrière débutée au Togo par un master. « Je suis ensuite allé en Côte d’Ivoire effectuer une thèse en physiologie animale sur les effets des digitaliques sur le système cardiovasculaire des mammifères. » Ses études se poursuivent en France à l’Université de Rouen avec un changement radical de thématique et une seconde thèse en neurosciences sur la production de stéroïdes dans le cerveau. « J’ai toujours eu envie de travailler au service de la santé. Le médecin seul ne peut pas soigner les patients, c’est la recherche qui permet de comprendre en amont les mécanismes des maladies. »
Adapter la recherche pour la transférer vers la clinique
Maitre de conférences, habilité à diriger des recherches en neuroendocrinologie en 1999, il gravit les échelons au sein de l’unité Inserm 413 à Rouen. En 2001, une envie de changement l’amène à quitter Rouen pour une unité CNRS de l’Université de Strasbourg où il monte une équipe sur le thème : neurostéroïdes et douleur. Depuis le chercheur « ne touche plus terre ».
En 2013, Ayikoé Guy Mensah Nyagan porte le projet de création de l’unité Inserm 1119 Biopathologie de la myéline, neuroprotection et stratégies thérapeutiques qu’il dirige. Elle regroupe une quarantaine de personnes qui s’intéressent au développement de thérapies contre les maladies neurologiques et neurodégénératives à travers trois axes de recherche translationnelle. « La force du laboratoire repose sur un programme multidisciplinaire associant la recherche fondamentale et clinique pour proposer des traitements efficaces contre les neuropathologies. »
Un accord-cadre entre l’Université de Strasbourg et de Lomé
Une étude en particulier lui tient à cœur. « Nous aimerions proposer de nouveaux médicaments neuroprotecteurs pouvant être associés à des traitements de chimiothérapie afin d’éviter aux patients l’apparition de douleurs neuropathiques. » Ce qui leur permettrait d’aller au bout de leur traitement. Le tout, sans altérer les effets de la chimiothérapie.
Sa nomination à l’IUF va lui permettre de se décharger de deux tiers de ses enseignements, soit 128 h par an pendant 5 ans. Un temps qu’il souhaite mettre à profit pour mener un autre projet lancé en mai 2020 : la signature d’un accord-cadre entre l’Université de Strasbourg et celle de Lomé au Togo comprenant un volet recherche et un enseignement. « Des experts strasbourgeois pourront se rendre sur place. Des diplômes seront menés en cotutelle. »
Marion Riegert
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Créé en 1991, l'Institut universitaire de France a pour mission de favoriser le développement de la recherche de haut niveau dans les universités et de renforcer l'interdisciplinarité. En 2020, toutes disciplines confondues, 70 enseignants-chercheurs ont été nommés dans la catégorie juniors, 40 dans la catégorie seniors et ce pour 5 ans. Ils bénéficient d'une décharge à hauteur de deux tiers de leurs charges d'enseignement, d'une prime et d'une dotation budgétaire.