Covid-19 et médias, de l’ennemi public aux héros du quotidien

13/05/2020

[Série] Regards croisés de chercheurs sur le Covid-19 : communication médiatique. Chercheur spécialisé dans les médias sociaux, Philippe Viallon revient sur la communication dans les médias à l’ère du Covid-19, entre amoncellement de chiffres, fakenews et tentatives d’apaisement.

« Ce qui me frappe, c’est que malgré toute notre modernité nous en revenons à des grandes peurs comme celles qu’il y a eu de la peste et du choléra », souligne Philippe Viallon, chercheur au Laboratoire interuniversitaire des sciences de l’éducation et de la communication (Lisec). Dans ce climat d’incertitude où le discours du « je ne sais pas n’est pas concevable », tout l’enjeu pour le gouvernement est de rassurer.

Pour ce faire, dans les médias, les chiffres sont mobilisés. « Donner des chiffres, c’est faire scientifique, plus ils sont élevés, plus ils impressionnent. Le problème, c’est qu’ils sont aléatoires, ils n’ont aucune valeur en soi, car tout dépend de la façon dont sont faits les comptes. »

Concrétiser l’ennemi

Des chiffres comme à la guerre avec l’apparition dans les premiers temps de la crise d’un vocabulaire guerrier. « L’avantage étant de concrétiser l’ennemi en donnant une personnalité au virus. » Cette première période a ensuite laissé place à une phase plus « soft », autour d’un discours d’union, durant laquelle « une mythologie est créée autour des héros du quotidien, félicités et érigés en modèles. »

Autre effet de ce climat de peur ambiant : l’explosion de l’usage des médias sociaux (Twitter, Whatsapp, Facebook…) dont la période met particulièrement en relief la dualité. Avec d’un côté leurs aspects les plus négatifs : fakenews et autres théories du complot dont la production n’a jamais été observée à cette échelle. « Venant de personnes très sérieuses voire même de politiques à l’image de Donald Trump qui suggère de s’injecter du désinfectant pour lutter contre le virus. »

« Une débauche de contacts »

Des informations que les médias officiels, qui ont généralement créé une catégories fakenews, suivent avec un temps de retard, vérification oblige. « L’homme reste l’homme, il y a toujours en nous une part d’irrationalité, et parfois les individus ont envie de croire à certaines nouvelles. »

Reste tout de même un côté positif. Les médias sociaux permettent de garder le contact, « une débauche de contacts », que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle. « Les artistes, le monde de la culture, s’en servent également. Des sportifs donnent des cours depuis leur garage… », explique Philippe Viallon qui précise que ces premières observations devront être vérifiées par la suite, « car pour le moment, nous n’avons pas de distance sur le sujet. »

Marion Riegert

Regards croisés de chercheurs sur le Covid-19

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