Des films amateurs pour une nouvelle histoire du Rhin supérieur

20/07/2018

Films de famille, de voyage, de compétitions sportives ou au travail… Débuté le 1er mars, le projet franco-allemand « Rhinédits - films inédits autour du Rhin supérieur : pour une plateforme d'images partagées » collecte et inventorie les films amateurs de la région du Rhin supérieur pour les rendre accessibles au grand public, aux scientifiques, chercheurs et enseignants via une plateforme numérique trilingue. Décryptage avec Alexandre Sumpf, porteur du projet.

Réalisées depuis les débuts du cinéma, ces images privées sur pellicule, ancêtres de la cassette vidéo, dessinent notre mémoire collective. Problème, « c’est une source qui a du mal à être considérée comme telle. Les gens se disent un mariage, un baptême… c’est toujours la même chose », explique Alexandre Sumpf, membre de l’équipe d’accueil Arts, civilisation et histoire de l’Europe, pour qui l’intérêt réside justement dans la répétition. « Il faut les analyser en série pour comprendre leur logique, et saisir ce qui fait l’originalité de chacune. Elles peuvent interroger d’une façon plus sensible les mémoires des anonymes qui font eux aussi l’histoire, celle de nos sociétés.»

Un travail de réanimation et de restauration

Piloté par l’Université de Strasbourg en partenariat avec la Hochschule d’Offenburg et l’association Mira (Mémoire des images réanimées d’Alsace), le projet se déroule sur trois ans et se décline en trois volets. Première étape : collecter les films grâce au bouche à oreille mais aussi via une journée annuelle dédiée au film amateur. La première aura lieu le 6 octobre à Strasbourg et dans neuf cinémas alsaciens. L’occasion aussi de capter la mémoire qu’il y a autour de la production et de la diffusion des films. « Nous allons recevoir des films du Racing club de Strasbourg. Nous avons beaucoup de « trous » comme sur la ville de Mulhouse et certains métiers », glisse le chercheur.

Côté allemand, 600 films amateurs ont déjà été identifiés à la Maison du film documentaire de Stuttgart. Une sélection sera opérée autour de trois thématiques. Une fois les films collectés, le processus de sauvegarde va pouvoir commencer avec un travail de restauration et de catalogage de ces films dont les détenteurs ne possèdent souvent plus les appareils pour les visionner.  « Le premier film que nous avons identifié dans notre collection date de 1909. »

Faire appel au public

Place ensuite à l’éditorialisation et la contextualisation. Pour ce faire, les films seront mis en ligne sur un site dédié avec des fiches en allemand, en français et en anglais, un travail réalisé notamment par des étudiants. « Pour les films sur lesquels nous n’avons pas d’informations, nous allons faire appel au public via le site de manière ludique avec un film à reconnaitre proposé chaque mois par exemple. » A terme, des ateliers collaboratifs avec des habitants de la région seront réalisés dans le but de développer des projets de films sur les municipalités, les professions, le patrimoine touristique et l'éducation. Une nouvelle source pour l’histoire visuelle du Rhin supérieur basée sur des images amateurs prendra ainsi vie.

Les scolaires seront également mis à contribution pour collecter les films et en réaliser dans le cadre du programme d’histoire franco-allemand. « Des articles, des colloques, nous savons faire, mais nous voulions plus que ça : un lien entre le producteur et le spectateur. L’idée étant d’éduquer les jeunes générations à l’image et à ce qu’est le film », conclut Alexandre Sumpf qui précise que le site web devrait être opérationnel à la fin de l’année.

Marion Riegert

Genèse du projet

Good to know

L’histoire commence en 2008 lorsqu’Alexandre Sumpf, spécialiste d’histoire soviétique et d’histoire du cinéma est embauché à l’Université de Strasbourg en tant que maitre de conférences. Au printemps 2009, il rencontre Christian Bonah, professeur en histoire des sciences. Les deux hommes partagent un intérêt pour les films de non-fiction et décident de travailler ensemble autour de cette thématique. Un séminaire commun est mis en place au niveau master. La même année, Alexandre Sumpf commence également à travailler avec l’association Mira créée par une ancienne doctorante de l’université. « Nous avions déjà une sorte d’équipe qui se rencontrait au fil des projets et des projections », souligne le chercheur qui décide de saisir une opportunité de financement via le programme Interreg V Rhin supérieur. Il opte pour l’objectif 12 : Aider les citoyens du Rhin supérieur à s’identifier à cette région. « Nous avons une frustration concernant les films amateurs sur lesquels nous n’avions pas assez eu le temps de travailler, c’est pour cela que nous avons choisi cette thématique. » Le tout, pour un budget de 1 206 698,45 € cofinancé à 60% par le Fonds européen de développement régional.

Réseaux et partenaires de l'Université de Strasbourg

Logo Établissement associé de l'Université de Strasbourg
Logo de la Fondation Université de Strasbourg
Logo du programme France 2030
Logo du CNRS
Logo de l'Inserm Grand Est
Logo du programme HRS4R
Logo du réseau Udice
Logo de la Ligue européenne des universités de recherche (LERU)
Logo de EUCOR, Le Campus européen
Logo du réseau Epicur