Du sang pour émouvoir

09/04/2019

Gina Pane, artiste des années 1970, est connue pour ses performances à la symbolique religieuse durant lesquelles elle s’inflige des blessures. Janig Bégoc, maître de conférences à l’Université de Strasbourg en histoire et théories des arts visuels, donnera une conférence sur le sujet lors du colloque « Affects, flux, fluides » le vendredi 12 avril 2019.

Janig Bégoc, chercheuse dans l’équipe Approches contemporaines de la création et de la réflexion artistique, s’intéresse au sens des différentes performances souvent incomprises et objets de débat de Gina Pane, artiste très croyante, d’origine italienne. Sa recherche sera exposée lors d’une conférence intitulée « Les performances de Gina Pane au prisme de l’affectivité médiévale », dans le cadre du colloque « Affects, flux, fluides ».  Cet événement transdisciplinaire traite de la perception des émotions à travers différentes formes artistiques.

« Une performance se définit comme une œuvre artistique se jouant en temps réel », explique d’emblée Janig Bégoc. Le but ? Provoquer chez le spectateur une émotion ou une prise de conscience sur les problématiques d’une société. « Les artistes sont les observateurs du monde », poursuit la chercheuse. Gina Pane l’avait bien compris et utilisait la souffrance pour faire réagir le public.

Cracher le sang de la blessure dans du lait

Au cours de ses différentes représentations aux scénographies variées, l’artiste se servait souvent de lames de rasoirs, incisait des parties de son corps, sans pour autant être dans le masochisme. Selon elle, cela permet de réveiller des parties de l'inconscient des personnes, face à des normes formatées auxquelles elles se plient. « Si le sang coule comme des larmes, ce sera ça l’image », clamait l’artiste italienne.

Une croix de part et d’autres de son nombril, une blessure à la paupière, telles les larmes de sang coulant de statuettes sacrées… La chercheuse note que dans les performances de Gina Pane les références au religieux de l’époque médiévale sont nombreuses. « Elle a tenu notamment pendant 20 minutes à quelques centimètres de bougies sans montrer sa souffrance, peut-être une évocation du supplice de Saint-Laurent, mort sur un gril. »

Une autre scénographie de l’artiste consiste à se couper dans la bouche et à cracher le sang de la blessure dans du lait, le rendant impur à la consommation. Ce geste, selon Janig Bégoc, représente la volonté de Gina Pane de rejeter la vision réductrice de la femme comme procréatrice, présente également à la période médiévale. « C’est aussi une référence au sang qui est vu comme un fluide souillé. » Une idée reçue qui a traversé les époques.

Vanessa Narbonne

  • La conférence de Janig Bégoc aura lieu le vendredi 12 avril 2019 à 10h30.

Le colloque « Affects, flux, fluides » en bref

Plus d'informations

Organisé par l’équipe d'accueil Approches contemporaines de la création et de la réflexion artistique, la Faculté des arts et Faculté des sciences historiques (Université de Strasbourg) avec le Centre d'étude des arts contemporains (Université de Lille), le colloque « Affects, flux, fluides » aura lieu à l’auditorium de la MISHA, allée du Général Rouvillois à Strasbourg, du 10 au 12 avril 2019.

Depuis les années 2000, la barrière séparant émotion et conscience commence à tomber. Le colloque international « Affects, flux, fluides » invite à repositionner la place des émotions dans différents contextes historiques et à travers les arts. Il pose également la question de comment réussir à rassembler les gens grâce aux émotions. Plus d’une vingtaine de conférences et de tables rondes sont au programme.

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