Fake news, attention aux sources

10/07/2019

Brexit, campagnes présidentielles… les fake news envahissent régulièrement la toile pour tenter de faire basculer les indécis dans un camp ou dans l’autre. Retour sur ce sujet d’actualité évoqué par Philippe Gillig, économiste au Bureau d'économie théorique et appliquée, lors de deux conférences venues clore le cycle l’Université en campagne contre les idées reçues.

Pouvez-vous définir ce qu’est une fake news ?

Les fake news, en français fausses nouvelles ou infox, contraction d’information et intox, sont des informations délibérément erronées. Il y a une idée de fabrication, de truquer la réalité. Les fake news ont toujours existé et typiquement en temps de guerre mais internet a entrainé une massification du phénomène avec l’apparition de robots informatiques qui les diffusent à grande échelle. Les fake news peuvent être utilisées pour des raisons commerciales comme dans le secteur pharmaceutique pour discréditer tel type de médecine ou de médicaments, mais aussi en politique. Elles se situent du côté de l’émetteur et contribuent à créer des idées reçues, plus insidieuses, chez le récepteur.

Le Brexit et l’élection de Trump, deux grands moments pour les fake news ?

Les fake news ont véritablement explosé il y a deux ou trois ans. Le Brexit et l’élection de Trump sont les deux évènements majeurs durant lesquels il y a eu une volonté de diffuser en masse des messages vers un public indécis ciblé auquel étaient envoyés des messages stigmatisant le camp adverse. Ces deux évènements ont, en outre, fait ressortir les notions de post-vérité et de « faits alternatifs », qui à la différence des fake news expriment l’idée d’un désintérêt vis-à-vis de la vérité au profit de l’adhésion maximale dans les suffrages. C’est aussi l’exemple de Trump qui dit une chose et son contraire, l’idée étant que l’on parle de lui.

Qui propage les fake news ?

Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les jeunes qui propagent le plus les fake news mais les seniors de plus de 60 ans comme l’ont montré plusieurs enquêtes. La variable sociologique la plus déterminante étant l’âge devant la catégorie socio-professionnelle ou le sexe. Ces derniers ne savent pas que l’information est erronée et ne cherchent pas à la vérifier. Cette propagation est notamment liée au développement des réseaux sociaux et à la rupture qui a eu lieu entre des émetteurs, les journaux, qui étaient des professionnels de l’information, et une production d’informations qui peut venir de tout un chacun avec internet.

Qu’est-ce qui est fait pour lutter contre les fake news ?

Une loi anti-fake news a été adoptée par le Parlement en novembre 2018. En parallèle, une contre-attaque s’organise depuis plusieurs années avec des débusqueurs de fake news et la création plus récemment par les grands médias de sites de vérification des faits (fact-checking). Mais il ne faut pas se réjouir trop rapidement de cette contre-attaque. Ces mêmes médias et les gouvernements sont eux-mêmes des pourvoyeurs d’idées reçues. Un bon exemple est le mythe du « trou de la sécu » que font exister les médias. Cela rejoint les propos du président de la République lorsqu’il dit que les aides sociales coûtent « un pognon de dingue »…

Un conseil pour y échapper ?

Il faut regarder les sources indépendantes, aller sur les sites officiels. Par exemple pour les statistiques l’Insee ou encore l’Ined… Aller voir les travaux universitaires, qui sont indépendants grâce au financement public de la recherche, même si de ce côté-là il y a encore un gros travail de vulgarisation et d’accessibilité à faire.

Propos recueillis par Marion Riegert

L’Université en campagne contre les idées reçues

Plus d'informations

Fleur Laronze, juriste au sein de l’unité mixte de recherche Droit, religion, entreprise et société, et Philippe Gillig, économiste au Bureau d'économie théorique et appliquée, ont déposé un projet Idex (Initiative d’excellence) université-cité intitulé l’Université en campagne contre les idées reçues. « Il s’agit d’un cycle itinérant de conférences-débats autour de questions de société », précise le chercheur. Débuté en 2017, il s’est achevé en 2019 et a vu se succéder près de 20 conférences-débats autour de cinq thématiques : l’immigration, l’égalité homme/femme, les aides sociales coûtent-elles un pognon de dingue ?, la réforme du marché du travail et l’Europe sociale. Dans ce cadre, les deux chercheurs ont été contactés par le Centre de culture numérique de l’Université de Strasbourg et la bibliothèque de recherche juridique pour réaliser une conférence sur les fake news. Ces dernières sont venues clore les deux ans d’échanges de l’Université en campagne contre les idées reçues.

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