Foot et diasporas européennes

31/05/2018

Le 14 juin 2018, le laboratoire "Sport et sciences sociales" et la chaire Jean-Monnet du professeur Gasparini organisent une journée d’étude intitulée : « Quelle équipe supporter lors de la coupe du monde de football ? » L'occasion pour des chercheurs venus de toute l'Europe de réfléchir ensemble aux enjeux identitaires soulevés par le sport. Rencontre en vidéo avec William Gasparini, organisateur de l'évènement, qui nous présente l'évènement. Puis un focus sur un sujet de thèse : les supporters des diasporas ressortissantes de la Turquie.

Quelle équipe choisir lors de la Coupe du monde : présentation de la journée d'étude

Le football, créateur de « communautés imaginaires »

Daghan Irak a obtenu son doctorat en sociologie du sport de l’Université de Strasbourg. Pour sa thèse, il a travaillé sur les liens entre le football et l’engagement politique en Turquie. Ces travaux l’ont mené à étudier de manière plus large les comportements numériques des diasporas ressortissantes de la Turquie.

« Il existe des diasporas pour lesquelles le football est un élément essentiel de la construction identitaire et les diasporas ressortissantes de la Turquie en font partie. » Daghan Irak s’appuie sur les travaux de sociologues comme Benedict Anderson qui formulent l’idée de « communauté imaginaire » pour parler de la nation. Selon ces sociologues, la nation est avant tout une idée construite collectivement, une sorte de mythe, que des groupes partagent et rattachent à certaines pratiques et valeurs. Le chercheur constate ainsi que : « la Turquie existe dans l’esprit des migrants même à la 2ème ou 3ème génération. Elle représente une patrie rêvée, une sorte de « communauté imaginaire ». Plusieurs éléments contribuent à la création de ce mythe et le football en fait partie. Il est devenu un moyen d’interagir avec la patrie. »

Pour mener ses recherches, le chercheur analyse notamment les réseaux sociaux à l’aide d’algorithmes mathématiques. Depuis 2010 et un important durcissement du régime de Recep Tayyip Erdogan, la population turque s’exprime de plus en plus en ligne. Pour sa thèse, Daghan Irak s’est concentré sur les liens entre foot et politique dans son pays d’origine. « A cause de la censure et des menaces qui pèsent sur les dissidents, la population turque est devenue de plus en plus apolitique. Mais parfois on peut voir que l’identité de supporter vient remplacer une identité politique. »

Si l’on prend par exemple le choix de l’équipe par les supporters, il est intéressant de noter que l’équipe nationale n’est que très peu soutenue par les ressortissants turcs. Selon le chercheur c’est à cause de l’image négative associée gouvernement. Au contraire, trois équipes d’Istanbul : Fenerbahçe, Galatasaray et Beşiktaş bénéficient d’un nombre exceptionnel de supporters fidèles et passionnés non seulement dans leur ville mais dans le monde entier. Ces équipes, qui datent des années 1900, incarnent une autre idée de la patrie pour les fans.

Lors de la journée d’étude « Quelle équipe supporter lors de la coupe du monde de football ? Le dilemme des diasporas en Europe. » Daghan Irak abordera les résultats de ses travaux en cours avec de nombreux chercheurs européens. Il conclut : « Il n’y a pas que les diasporas turques qui sont animées par le foot, loin de là. »

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