Durant les mois de novembre et décembre, le Centre d'études internationales de la propriété intellectuelle (Ceipi) organise un cycle de séminaires intitulé « Droit et pop culture ». Game of Thrones, James Bond, Disney, Watchmen, Black Mirror ou encore The Handmaid’s Tale, l’occasion d’analyser, à travers le prisme du droit, séries et autres films de renom.
03/12/2020
Afin de protéger leur identité depuis l’attaque de « La Nuit Blanche» les policiers portent un bandana jaune. « Le point de départ de la série Watchmen peut faire écho à l’article 24 de la loi « sécurité globale », actuellement en cours de discussion, qui prévoit de pénaliser la diffusion malveillante d’images des forces de l’ordre », souligne Yann Basire, directeur de la section française du Ceipi, qui dans le contexte du confinement invite les étudiants à sortir des sentiers battus du droit tous les mardis soir de 17h à 19h.
A travers la présentation de travaux existants, les séminaires « Droit et pop culture » proposent de se saisir dans les œuvres de problématiques essentiellement en lien avec le droit français pour rendre l’enseignement plus ludique. « Nous avons déjà réalisé des séminaires sur Star Wars, les super-héros ou encore le Seigneur des anneaux. Strasbourg est une place forte dans le domaine du mouvement droit et pop culture. Un mouvement prégnant aux Etats-Unis qui arrive depuis 5, 6 ans dans l’Hexagone… »
James Bond : le permis de tuer est-il au-delà du droit ?
L’analyse se fait à travers trois niveaux. Le premier consiste à utiliser les œuvres de fiction comme élément de vulgarisation pour illustrer des concepts juridiques. Bambi pose par exemple la question du droit animalier et de la chasse. The Handmaid’s Tale celle du droit du travail et, plus particulièrement, du travail forcé. « Il y a aussi la question du sexe dans Game of Thrones. Le statut juridique du mur en lien avec le mur voulu par Trump entre le Mexique et les Etats-Unis. »
Le second niveau vise à se servir de la représentation du droit dans les œuvres de fiction pour confirmer ou tordre le coup à certaines représentations. « James bond permet de s’intéresser aux relations internationales, au renseignement ou encore à la justiciabilité de l’agent secret : le permis de tuer est-il au-delà du droit ? » Les œuvres permettent aussi d’anticiper les questions de droit comme celles liées aux données personnelles que l’on retrouve dans Black Mirror. « Les auteurs de science-fiction sont en quelque sorte des lanceurs d’alerte. »
Enfin, la pop culture vient challenger les règles de droit telles qu’on les connait et interroge sur l’adaptation du droit positif. « Est-ce que le spoiler porte atteinte au droit de la propriété intellectuelle ? Peut-on protéger une langue imaginaire comme le dothraki ou le klingon ? », interroge Yann Basire qui précise, attention spoiler, que les séminaires se poursuivent avec les jeux vidéo et le hip-hop et même un tour par les œuvres de Miyazaki prévu en 2021. En attendant, pour patienter, les épisodes précédents sont disponibles en replay sur YouTube.
Marion Riegert