La guerre de 1870, conflit européen, conflit global

24/03/2020

Cette année marque le 150e anniversaire du conflit franco-allemand de 1870. A travers un colloque, des chercheurs de l’unité de recherche Arts civilisation et histoire de l'Europe (Arche) se sont penchés sur cette guerre mal connue, souvent qualifiée d’oubliée, dont l’empreinte reste forte, notamment en Alsace, à travers la présence de monuments aux morts et de cimetières militaires.

Expositions, reconstitutions de batailles et autres évènements auront lieu à partir de la date anniversaire de la crise diplomatique ayant conduit à la guerre, au mois de juin 1870. A travers le colloque « La guerre de 1870, conflit européen, conflit global », l’équipe Arche ouvre la voie en évoquant l’histoire de ce conflit et ses conséquences dans une région qui y tient une place particulière.

Leur angle ? Sortir de la perspective franco-allemande, pour s’intéresser à la formation d’une opinion publique mondiale. « Faire voir que la guerre était un évènement global, qui avait fortement interpellé l’esprit des Européens et avait été scruté par les autres nations, y compris l’Amérique du Nord ou du Sud », explique Nicolas Bourguinat, professeur d’histoire contemporaine, co-organisateur du colloque avec Alexandre Dupont et Gilles Vogt, tous trois membres de l'unité de recherche. Et ce à travers l’étude des reportages, de l’analyse de la presse, mais aussi des documents issus du « for privé », c’est-à-dire des journaux intimes tenus par des civils, des soldats, des prisonniers de guerre, des assiégés... ou encore des correspondances notamment celles des familles séparées par la guerre.

« Une bonne leçon »

Il s’en dégage deux phases. Lors des débuts de la guerre, les opinions jugent assez sévèrement l’entreprise du Second Empire, qui a le rôle d’agresseur. « A cette époque, la France de Napoléon III est celle de la dynastie de Bonaparte. Le spectre de l’expansionnisme est prêt à ressurgir. La France a mauvaise presse et lorsque les puissances étrangères voient qu’au lieu des victoires que beaucoup d’observateurs anticipaient, les défaites s’enchaînent, certaines estiment que c’est une bonne leçon. »

Mais, au fil du temps, la guerre s’enlise. L’opinion publique est de plus en plus sensible aux souffrances de la population française des régions occupées, soumises à la discipline allemande marquée par une certaine intransigeance et une volonté annexionniste. Le sort des Parisiens assiégés et affamés, au cours d’un hiver particulièrement rigoureux, suscite des réflexes de solidarité. Des mobilisations humanitaires, avec la Croix-Rouge mais aussi les quakers, se développent partout. D’agresseur, la France devient victime. « Malheureusement, du fait de l’habileté de Bismarck, ça ne se traduit pas au niveau de la diplomatie internationale, qui n’intervient pas dans le conflit. »

Le volontariat militaire

Des officier danois, anti-prussiens car victimes de la guerre de 1864, s’étaient déjà mis au service de la France, mais le 4 septembre 1870 marque véritablement un tournant avec la chute du Second Empire et l’avènement de la République qui stimule l’ardeur des patriotes de tous les pays. Côté italien, par solidarité, le général et homme politique Giuseppe Garibaldi entraine avec lui deux de ses fils et des centaines de volontaires, regroupés sous le nom des Chemises rouges. Sans oublier des renforts grecs, espagnols, ou encore polonais. « Cette guerre est une des dernières illustrations du volontariat militaire du XIXe siècle », note Nicolas Bourguinat.

Malgré cette aide, en décembre 1870, l’Allemagne, pressée d’en finir et désireuse d’éviter que l’opinion internationale ne fasse basculer la diplomatie, bombarde Paris. Le 26 janvier, un armistice est signé. L’Alsace et une partie de la Lorraine redeviennent allemandes.

Marion Riegert

L’anecdote : Des certificats de bonne conduite

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La situation des Allemands demeurés en France pendant la guerre de 1870 demeure surprenante. « On pourrait penser qu’ils ont été l’objet de menaces ou de violences mais ce n’est pas le cas. Et bien souvent, des voisins ou des relations professionnelles de ces résidents allemands se mobilisent pour leur offrir l’asile. Certaines municipalités leur donnent même des certificats de bonne conduite », souligne Nicolas Bourguinat.

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