Lors de la Fête de la science 2018, les visiteurs sont devenus cobayes à l’occasion d’une expérience menée par Arnaud Zeller autour de la création d’un traitement de texte. Des résultats, le chercheur a fait un article paru dans les actes du colloque Environnement informatique pour l’apprentissage humain 2019. Il récidive cette année avec un nouvel atelier : de l’intention à l’interface.
04/10/2019
Développeur et créateur d’interfaces, Arnaud Zeller se lance en 2017 dans une thèse au sein de l’équipe Tec&Co du Laboratoire interuniversitaire des sciences de l’éducation et de la communication (LISEC), intitulée : « Personnalisation de l’interface et genèse instrumentale : impact sur la réalisation des activités d’apprentissage », sous la direction de Pascal Marquet.
Le chercheur décide de profiter de la Fête de la science 2018 pour mener une expérience auprès de 176 personnes âgées de 5 à 45 ans. « Venir découvrir et participer à des expériences, permet au grand public de toucher du doigt la recherche en étant placé au cœur de celle-ci. » Le principe ? Créer un traitement de texte en moins de cinq minutes. Première étape : renseigner quelques questions pratiques (âge, sexe…). Après quoi, place à la création de l’interface : thème graphique, fonctions dans le ruban, choix des icônes, agencement des zones de l’écran… L’utilisateur à l’embarras du choix.
Prédire l’intention d’adoption
« L’intérêt scientifique est d’observer, par la modélisation, ce qui se joue dans la relation apprenant-instrument. L’analyse de traces numériques permet d’enregistrer en temps réel chaque action réalisée par l’utilisateur comme le nombre de survols de la souris, le nombre de caractères saisis... » A la fin, les participants remplissent le questionnaire de Venkatesh. « Celui-ci est à l’origine de la théorie unifiée de l’acceptation des technologies selon laquelle il est possible de prédire l’intention d’adoption de l’utilisateur avant même qu’il ne commence à utiliser une technologie donnée. »
Des observations importantes pour l’ingénierie pédagogique car « il existe de nombreuses solutions dont les interfaces adaptatives ne sont pas appropriées. » Son postulat ? « L’interface est l’instrument. La meilleure interface du monde est peut-être l’absence d’interface pour connecter directement l’intention au déclenchement de l’action. L’enjeu étant de trouver à quel moment l’interface doit par action de l’apprenant devenir transparente et à quel moment elle doit redevenir présente comme vecteur de possibles. »
Une nouvelle expérience
De ses travaux, il ressort quatre variables déterminantes à l’acceptation d’une technologie : « Quand l’apprenant se rend compte que l’utilisation de l’instrument en terme d’effort à produire est moindre, l’intention d’acceptation est plus forte. » L’effet identique se produit quand la personne se rend compte qu’elle est plus performante en utilisant l’environnement ou que les fonctionnalités proposées sont facilitatrices voire que l’instrument jouit d’une reconnaissance sociale.
Malgré son métier de conseiller technique et pédagogique supérieur, le chercheur ne vise pas la création de nouveaux logiciels. « Je ne suis pas dans une approche techniciste. La recherche, c’est d’abord comprendre, expliquer des phénomènes pour ensuite produire de la connaissance », conclut Arnaud Zeller qui sera à la Fête de la science 2019 les 12 et 13 octobre au Vaisseau à Strasbourg avec une nouvelle expérience, à découvrir le jour J…
Marion Riegert