Les technologies de l’information et de la communication ont envahi la sphère éducative que ce soit en tant que support ou en tant qu’objet d’étude. Aubaine pour les uns, danger pour les autres. Pour Pascal Marquet, chercheur en Sciences de l’éducation, tout l’enjeu réside dans l’éducation des élèves face à ces nouveaux outils.
26/01/2018
Espace numérique de travail, cahiers de textes numériques… L’école est de plus en plus connectée mais ce n’est pas chose nouvelle. « Cela fait 33 ans qu’il devrait être normal d’utiliser les technologies de l’information et de la communication à des fins éducatives ou de formation », explique Pascal Marquet professeur en Sciences de l’éducation. Le chercheur développe une méthode d’ingénierie des ressources pédagogiques numériques. Objectif : faire en sorte que les contenus d’enseignement ou de formation soient appris avec le moins d’obstacles possible. Pour ce faire, il réalise des études d’usage des outils numériques en situations réelles afin de mesurer les apports de cette méthode ou de son absence sur l’autonomie, la motivation et l’acquisition de connaissances des étudiants.
Pour le chercheur, il n’y a pas d’inquiétudes à avoir face au numérique, il s’agit d’une simple évolution des technologies de la connaissance et de la mémoire humaine. « Par le passé, cette dernière était entretenue par les contes et les récits, ensuite l’écriture est arrivée, le livre, puis l’imprimerie qui a modifié le rapport à l’écriture. Aujourd’hui, avec le numérique, on externalise la connaissance. Il suffit de savoir où chercher », détaille Pascal Marquet qui souligne que l’écriture manuscrite ne va pas disparaitre pour autant. « Elle reste au premier plan des programmes scolaires, c’est un mode d’expression à côté d’autres, ce n’est plus le seul disponible, c’est ça qui est nouveau. »
« Le professeur ne sera plus forcément le garant de la connaissance »
Côté pratiques, les établissements scolaires ont misé sur l’utilisation de ces nouvelles technologies : les parents se connectent pour voir si leurs enfants étaient absents ou regarder les devoirs qu’ils ont à faire. Les élèves peuvent suivre leur moyenne au jour le jour… Le numérique devient également objet d’étude pour les élèves et c’est là tout l’enjeu pour Pascal Marquet. « La question n’est pas de savoir ce qu’il y a de bien ou non mais qu’est-ce qu’on en fait à l’école ? La mission de l’école est de préparer les élèves au monde d’aujourd’hui. L’idée étant de les éduquer à avoir un regard critique sur les informations véhiculées par le numérique. »
Quid des inégalités que le numérique peut entrainer ? Pour Pascal Marquet, il ne s’agit pas d’inégalités entre établissements mais plutôt face au contexte dans lequel l’élève se développe. « Certains sont plus ou moins armés pour faire un usage intelligent du numérique.» Quoi qu’il en soit, le progrès est en marche et une opération « Lycées 4.0 » a été lancée dans une cinquantaine d’établissements scolaires de la région Grand Est à la rentrée. Les élèves travaillent ainsi sur des manuels scolaires numériques. « L’école de demain n’est pas une école sans professeur car la médiation humaine reste fondamentale. Mais le professeur va être amené à changer de place, il ne sera plus forcément le garant de la connaissance. Les connaissances à acquérir vont également évoluer », souligne le chercheur. « Informer n’est pas former »…
Marion Riegert
En chiffres
Plus d'informations
29
académies sont concernées par au moins un projet ENT (espace numérique de travail) en phase de généralisation dans le second degré, en partenariat avec les collectivités territoriales soit environ 86% des départements et 100% des régions.
100%
des lycées sont pourvus d'un ENT dans 21 régions (antérieures à la loi NOTRe) et 100% des collèges sont pourvus d'un ENT dans 76 départements.
103
collectivités territoriales sur 108 sont engagées dans le plan numérique pour équiper 1668 collèges à la rentrée 2016. 239 établissements ont déjà reçu les équipements pendant l’année scolaire 2015-2016, les autres le recevront durant l’année 2016-2017.
9
enseignants sur 10 reconnaissent les bénéfices pédagogiques du numérique et l’utilisent pour préparer leurs cours dans le 1er degré. Près de 80% des enseignants utilisent le numérique pour monter des séquences d’activités en classe dans le 2nd degré.