Le punk, « dernière grande sous-culture de notre époque »

24/06/2020

Membre de l’équipe d’accueil Savoirs dans l'espace anglophone : représentations, culture, histoire (Search), Timothy Heron s’est intéressé à la culture punk. Un sujet peu étudié de manière académique qui l’a mené, magnétophone en main, sur les routes d’Irlande du Nord.

D’origine nord-irlandaise, Timothy Heron nait à Belfast mais grandit en France. Au lycée, le jeune homme se prend de passion pour l’univers et la musique punk dont il fait partie. De ses origines et de sa passion, Timothy Heron fait une thèse mêlant sciences sociales et histoire sur le punk en Irlande du Nord de 1976 à 1983.

Vous avez dit punk ? « C’est la dernière grande sous-culture de notre époque. Elle reste minoritaire et touche essentiellement les jeunes voire les très jeunes avec beaucoup d’adolescents et de pré-adolescents. La scène punk s’est développée en plein milieu du conflit nord-irlandais*, c’est une des seules réunissant catholiques et protestants. Garçons et filles allaient dans les bars en dehors de leur milieu à une époque conservatrice où ces dernières ne sortaient pas d’ordinaire. »

Flower power et pantalon pattes d’eph

Pour récolter les témoignages de ces punks, âgés pour certains de 12 ans à l’époque, Timothy Heron doit se faire un réseau dans un milieu resté méfiant. Un travail de longue haleine mené notamment grâce à Facebook où des groupes de punks s’échangent des photos de jeunesse. Autre source : son frère qui habitait avec le fils d’un chanteur d’un groupe punk. « J’ai passé beaucoup de temps en Irlande du Nord dans des bars et des pubs avec mon magnéto pour les faire parler », sourit le chercheur.

Dans son étude, outre un volet historique, il aborde la question de la mode punk. Dans une société où tout le monde s’habillait à la mode des années 70 marquée par le flower power et les pantalons pattes d’eph, les jeunes punks faisaient leurs propres tenues. « Ils rendent leur corps grotesque, s’enlaidissent volontairement. Les jeunes garçons se maquillent, puisant dans une sous-culture perçue comme déviante. »

Une forme de transgression

Les paroles de 200 chansons punks nord-irlandaises sont également analysées. « J’ai travaillé sur de petits groupes locaux qui chantaient pendant la période des « Troubles ». Je m’attendais à retrouver beaucoup de chansons critiques du conflit alors qu’un quart d’entre-elles parlent de faire la fête, c’est une échappatoire. » Une forme de transgression en opposition avec le reste de la société où le conflit est sur toutes les lèvres.

« Plusieurs groupes se sont reformés plus tard. Encore aujourd’hui, s’il y a des manifestations anti-racistes par exemple, on retrouve de vieilles têtes, il y a beaucoup de rencontres entre anciens punks. Il leur est resté cet engagement », conclut Timothy Heron qui, devenu maitre de conférences il y a deux ans, poursuit ses recherches sur le sujet. « Je fais partie d’une équipe ANR (Agence nationale de la recherche) sur le punk en France en tant que consultant sur la partie Irlande. L’idée étant de dresser l’histoire du punk en France. »

Marion Riegert

* Le conflit nord-irlandais (1968-1998) oppose les républicains et les nationalistes partisans de l’autonomie et de la réunification des deux Irlande aux unionistes, soutenus par le Royaume-Uni.

Du punk à la sorcellerie il n’y a qu’une recherche

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A côté du punk, depuis peu, une autre culture, elle aussi en opposition avec la société, intéresse Timothy Heron. Il s’agit de la sorcellerie et du paganisme contemporain. Un mouvement en pleine expansion outre-Manche. Une nouvelle aventure qui devrait renvoyer le chercheur et son magnétophone sur les routes d’Irlande du Nord. « J’ai déjà quelques contacts notamment sur Instagram, je connais également une sorcière active en Irlande. Je ferai des observations participatives. J’aimerais retracer l’histoire du phénomène et travailler sur les représentations dans les médias locaux. Sans oublier la question du vêtement, comment le corps est utilisé. » Affaire à suivre.

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