Le stress chronique, ennemi des traitements de la parodontite

22/04/2021

La parodontite est une maladie d’origine infectieuse dans laquelle les bactéries pénètrent sous la gencive. La réponse inflammatoire de l’organisme contribue alors à la destruction du support des dents. Catherine Petit décide de s’intéresser à un aspect peu étudié dans cette pathologie : l’influence du stress chronique sur l’efficacité du traitement. Le tout, à travers une étude de trois ans réalisée aux Hôpitaux universitaire de Strasbourg en collaboration entre le Centre d’investigation clinique et le département de parodontologie.

Les personnes stressées présentent deux stratégies d’adaptation : soit positive, le stress les rend proactives. Soit négative, le stress entraine de l’anxiété, les patients sont dans le déni du soin, fument, ne font pas attention à leur alimentation… « Nous avons voulu voir si ces mauvaises habitudes avaient un impact sur la réussite du traitement ou si c’était le stress en lui-même qui était en cause. »

Dans d’autres maladies à composante inflammatoire comme la polyarthrite rhumatoïde, les patients les plus stressés répondent moins bien aux traitements. Une recherche in vivo montre également que des rongeurs ayant une parodontite soumis à du stress présentent une destruction plus importante de la gencive. Pour cette étude, 54 patients sont suivis sur 6 mois.

Des mesures biologiques

Mais comment déterminer quels patients sont stressés ? « Nous avons utilisé des questionnaires d’auto-évaluation réalisés avec des psychiatres. » Des marqueurs biologiques, comme le taux de cortisol et de chromogranine A, marqueurs du stress reconnus, sont également pris en compte.

Résultats : « Plus les patients présentent un score de stress et de dépression important, moins leur traitement est efficace. Une fois le traitement parodontal effectué, une réduction de l’inflammation est généralement observée. En cas de stress chronique, la réaction inflammatoire est exacerbée et peut réduire les capacités de cicatrisation », explique le Catherine Petit qui souligne que peu de patients extrêmement stressés ont participé à l’étude « car ils fréquentent sans doute moins les cabinets dentaires. » 

Un suivi plus adapté

« Les patients à la stratégie d’adaptation négative répondent pour leur part encore moins bien aux traitements. » La corrélation entre le taux de cortisol dans le sang et le niveau de stress chronique des patients n’a en revanche pas pu être établie. « Le cortisol est signe d’un stress à un moment donné et pas forcément chronique. Or c’est bien ce dernier qui est néfaste pour le traitement. »

L’étude permettra de proposer un suivi plus adapté à ces patients stressés qui pourront être diagnostiqués grâce au questionnaire validé par les chercheurs. « Nous pourrons les suivre de manière plus régulière et si besoin les orienter vers des psychiatres. Une étude de 2018 montre que les patients auxquels des techniques de relaxation sont proposées présentent une meilleure réponse aux traitements. Le sport est une autre piste… », conclut Catherine Petit qui poursuit ses investigations sur l‘amélioration de la prise en charge des patients atteints de parodontite. Sans oublier au niveau fondamental le développement de stratégies de régénération.

Marion Riegert

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