Luisa De Cola obtient le prix Izatt-Christensen 2019

08/04/2019

Luisa De Cola, chercheuse à l’Institut de science et d'ingénierie supramoléculaires (Isis), reçoit le prix Izatt-Christensen 2019. Il lui sera remis officiellement le 6 juin en Italie lors du symposium annuel International Symposium on Macrocyclic and Supramolecular Chemistry.

« C’est un prix très important pour la chimie supramoléculaire que Jean-Pierre Sauvage a reçu avant moi », souligne Luisa De Cola récompensée pour son travail sur le développement de petites molécules qui s’auto-assemblent et se réorganisent permettant ainsi d’obtenir de nouvelles propriétés. « C’est comme dans un mot. On peut recombiner les lettres pour en former de nouveaux mais les lettres de départ restent les mêmes. »

Des vaccins en perspective

La directrice du Laboratoire de chimie et des biomatériaux supramoléculaires s’intéresse plus particulièrement à des molécules luminescentes qui émettent de la lumière lorsqu’elles sont excitées. Ces molécules peuvent s’auto-assembler afin de former de grandes structures qui émettent une couleur dépendant de l’état et la forme de l’assemblage. Ces assemblages servent notamment à créer des capsides (sortes de coques) de virus artificielles car ils peuvent être utilisés comme des agents provoquant l’organisation originelle des protéines du virus. Ils permettent ainsi de réarranger les protéines présentes dans la capside.

« Nous essayons de voir s’il est possible de changer la morphologie et la taille d’une capside du virus et ainsi modifier ses propriétés avec en ligne de mire l’idée de créer des vaccins contre d’importantes pathologies. » Le travail se faisant à une échelle très petite, la couleur émise par ces assemblages, permet de connaitre la forme de la capside et ainsi suivre le processus d’assemblement et les changements d’état.

Un hydrogel pour réparer des blessures

Autre recherche : le développement de matériaux doux pour des applications biomédicales en collaboration avec les Hôpitaux universitaires de Strasbourg et l’Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif (Ircad). « Nous travaillons sur un hydrogel permettant de réparer des blessures. » Composé à 95% d’eau et 5% de molécules artificielles, l’hydrogel est injecté sous forme liquide sur une blessure (fistule, par exemple) à l’aide de la laparoscopie. Des blessures pour lesquelles actuellement les chirurgiens n’ont pas d’autre choix que d’opérer.

L’hydrogel est un matériau biocompatible qui peut être très stable d’un point de vue mécanique, et être au final éliminé du corps de l’animal. Cette nouvelle approche a été testée avec succès sur des porcs, un modèle animal proche de l’humain. La technique pourrait aussi être utilisée pour éliminer les tumeurs proches des organes. « En les enlevant, il y a un risque de perforation. Les chirurgiens disposent actuellement d’un produit qu’ils injectent dans la sous-muqueuse pour la faire gonfler et avoir ainsi plus de place pour réaliser la coupe. » Le gel, plus efficace, contient des particules qui peuvent libérer des médicaments et des biomolécules pour faciliter la guérison.

Marion Riegert

Le Prix Izatt-Christensen en bref

Good to know

L’Izatt‐Christensen Award est décerné à des personnalités sélectionnées par leurs pairs depuis 1991. Ce prix récompense et reconnaît l’excellence en chimie macrocyclique et supramoléculaire. Il s’agit d’un des prix les plus prestigieux dans ce domaine. Le récipiendaire reçoit une petite rétribution et est invité à donner une conférence lors du symposium annuel International Symposium on Macrocyclic and Supramolecular Chemistry (ISMSC).

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