Maladie de Charcot, à l'origine

21/06/2017

A l’occasion de la Journée mondiale de la sclérose latérale amyotrophique, zoom sur les recherches menées sur cette maladie par Caroline Rouaux et son équipe au sein du laboratoire Inserm/Unistra « Mécanismes centraux et périphériques de la neurodégénérescence ». Sous leurs lorgnettes, des neurones longtemps mis à l’écart.

Terrible maladie neurodégénérative, la sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie de Charcot conduit à une dénervation des muscles et entraine une paralysie progressive des patients. « Bien souvent, les malades décèdent au bout de quelques années de lutte, des suites d’une insuffisance respiratoire », explique Caroline Rouaux. Chargée de recherche à l’Inserm, elle s’intéresse à cette maladie depuis un doctorat dédié à la compréhension des mécanismes régulant la mort programmée des cellules ou apoptose.

Le cortex cérébral, avant-poste de la dégénérescence ?

La sclérose latérale amyotrophique provoque la mort de deux types de cellules nerveuses : les motoneurones de la moelle épinière et ceux du cortex cérébral (NMCS1). Au cours des vingt dernières années, ce sont surtout les premiers ainsi que le muscle squelettique qui ont été étudiés dans le contexte de la maladie. Aussi, dans le cadre d’un projet pour lequel elle bénéficie d’une bourse ERC, Caroline Rouaux et son équipe tentent de démêler le rôle que jouent les motoneurones du cortex cérébral dans la pathologie. « Nous savons à présent qu'un nombre important d'entre eux meurent bien avant l'apparition des premiers symptômes moteurs, avant que ceux de la moelle épinière ne dégénèrent et avant que les jonctions neuromusculaires ne commencent à dénerver, indique la chercheuse. Il semble donc que les NMCS aient un rôle extrêmement précoce dans la progression de la maladie. » La SLA pourrait ainsi prendre son origine au sein du cortex cérébral et se développer « en suivant un chemin descendant, du cortex cérébral vers la moelle épinière et les muscles striés, par le biais des NMCS qui connectent directement le cortex cérébral à la moelle épinière ».

Mystérieux déclin

Mais sait-on pourquoi ces motoneurones du cortex cérébral meurent ? « Absolument pas, admet Caroline Rouaux. C'est la question centrale de toutes les maladies neurodégénératives, pourquoi cette population-là et pas une autre ? » Fait important : la chercheuse et son équipe commencent néanmoins à comprendre comment ces cellules nerveuses déclinent grâce à la mise au point d’un protocole permettant de les étudier isolément ; un prérequis indispensable face à la multitude de sous-types neuronaux présents dans le cortex. « Nous avons ainsi pu mettre en évidence des gènes candidats potentiellement impliqués dans le dysfonctionnement et la dégénérescence de cette population neuronale. »

Un rôle à éclaircir

Si les chercheurs strasbourgeois ont aujourd’hui une meilleure compréhension de la dynamique spatiotemporelle de la perte de ces neurones au cours de la SLA et des mécanismes moléculaires qui en sont responsables, le défi reste de faire toute la lumière sur le rôle précis des NMCS dans le déclenchement et la progression de la SLA. « S'il s'avère que cette population neuronale joue un rôle prépondérant dans la progression de la maladie, on pourra alors envisager le développement de stratégies thérapeutiques orientées vers le maintien d'une population de NMCS sains et fonctionnels, ou vers le remplacement des NMCS perdus par une nouvelle population de NMCS rendus résistants à la maladie », laisse entrevoir la chercheuse.

Ronan Rousseau

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