Émilie Ruiz, chercheuse en management de l’innovation au Bureau d’économie théorique et appliquée (Beta), a participé à l’ouvrage « Nouvelles vibrations » d’Albéric Tellier. Dans son chapitre, elle passe au microscope l’échec de l’album St. Anger du groupe Metallica.
11/05/2020
Après une thèse sur l’utilisation de la production participative (crowdsourcing) comme source d’innovation, Émilie Ruiz rejoint l’équipe du Beta. « Je voulais absolument rejoindre ce laboratoire, c’est un des rares en France à s’intéresser à la créativité, notamment par le biais de son axe créativité, science et innovation. L’équipe est très pointue, avec à la fois des chercheurs en management et en économie. C’est tout à fait ce que je cherchais ! », se réjouit la jeune chercheuse.
Spécialisée dans la créativité organisationnelle, elle s’intéresse à des sujets encore peu traités de manière académique. Jeux vidéo, musique mais également pornographie se mélangent dans ses travaux de recherche. « De nombreuses personnes perçoivent encore le management comme une discipline aride. C’est important de montrer qu’il peut au contraire s’emparer de thématiques très funs », s’enthousiasme Émilie Ruiz.
Lorsqu’Albéric Tellier annonce une possible suite à son ouvrage « Bonnes vibrations : quand les disques mythiques nous éclairent sur les défis de l’innovation », Émilie Ruiz le contacte immédiatement. Elle a lu le premier livre et a déjà une idée de chapitre pour le second. « S’il y a bien un album qui peut nous éclairer sur l’importance de l’organisation dans le processus créatif, c’est St. Anger de Metallica. Je l’ai tout de suite proposé à Albéric, qui a accepté », résume la chercheuse.
Colère sainte et échec commercial
Huitième album du célèbre groupe de thrash metal, St. Anger est très attendu par les fans au moment de sa sortie. Pourtant, il reçoit un accueil très mitigé et reste à ce jour l’album le moins vendu du groupe. « J’ai vu Some kind of Monster, un documentaire sorti en 2004 sur la genèse de cet album qui m’a beaucoup fait réfléchir », se souvient Émilie Ruiz. « Le groupe traverse une période extrêmement difficile et envisage de mettre un terme à son existence. Pourtant, il réussit à rebondir. Dans le chapitre, j’analyse les mécanismes que Metallica a mis en œuvre pour surpasser ses problèmes, comme décider d’engager un nouveau membre pour redonner un coup de boost à leur inspiration. J’utilise ce cas d’école pour montrer des stratégies possibles, inspirées de la recherche en management de l’innovation », conclut la chercheuse.
Grâce au succès de l’ouvrage, Émilie Ruiz, en collaboration avec Albéric Tellier et Julien Pénin (directeur du Beta) parviennent à décrocher un numéro spécial sur l’industrie musicale dans la Revue française de gestion. « C’est très encourageant de voir à quel point ces nouvelles thématiques sont bien reçues. Aujourd’hui, nous avons assez de contributeurs pour remplir un hors-série sur l’industrie musicale et assez de lecteurs intéressés pour pouvoir le produire », se réjouit la chercheuse.
En parallèle, elle participe également à un projet de l’Agence nationale de recherche sur la créativité organisationnelle ainsi qu’à un projet de création d’un Créative Lab porté par son laboratoire.
Léa Fizzala
Créativité organisationnelle
Citation
« Création d’un produit, service, idée, procédure ou processus qui sera porteur de valeur, utile et nouveau par des individus travaillant ensemble au sein d’un système social complexe. » (Woodman et al., 1993 : 293)