La forme d’une ville et son fonctionnement sont étroitement liés. Dominique Badariotti, chercheur au Laboratoire image ville environnement (LIVE), décrypte ce vaste réseau pour en simplifier son fonctionnement. Il participe à l’organisation des 21e rencontres internationales en urbanisme de l'Aperau à Strasbourg, qui auront lieu du 16 au 21 juin 2019 et seront l’occasion d’échanger sur les problématiques d’aménagement des villes.
12/06/2019
« Du fait de son histoire, une ville est un assemblage de tissus urbains différents, il faut penser la ville dans sa complexité », explique d’emblée Dominique Badariotti, directeur du LIVE, dont le logo est un clin d’œil à l’organisation urbaine de Strasbourg des années 70-80.
« A Strasbourg par exemple, une partie de la ville est médiévale, et s’est construite autour de la partie romaine plus ancienne, puis viennent les constructions plus modernes des 18e, 19e et 20e siècles. Les conditions et les modes de vie ont évolué avec le temps, nous n’avons plus la même façon d’habiter ou de nous déplacer. Avant on construisait des rues plus étroites et des maisons de forme et de taille différentes ».
Trois villes, trois formes différentes
De quoi donner du fil à retordre à cet ancien urbaniste, qui étudie le lien existant entre la forme du réseau d’une ville et son fonctionnement, pour faciliter les transports, la proximité avec les gens. « On mettra par exemple une boulangerie là où il y a plus de monde et des usines là où il y en a moins ». Outre Strasbourg, le chercheur a également travaillé sur Pau et Le Havre.
« Pau a une forme d’hémisphère, un peu comme le modèle des villes de bord de mer. Le centre-ville n’est pas au centre de la ville, ce qui constitue d’autres contraintes, pour implanter de nouveaux quartiers et des transports en commun », explique Dominique Badariotti qui souligne que « Le Havre a été reconstruite après la Seconde Guerre mondiale, sous forme de damier. C’est plus moderne et plus pratique en terme de déplacements, avec des rues moins étroites qu’à l’époque médiévale ».
Côté outils, le chercheur dispose d’un modèle de carte numérique, où chaque point de la ville est représenté et géolocalisé, et d’algorithmes. « Nous connaissons les plus courts chemins qui relient tous les bâtiments entre eux, ce ne sont pas les mêmes selon que l’on se déplace en voiture ou à vélo ». Un bâtiment peut être difficile d’accès en voiture s’il y a plein de sens interdits autour. « Tout cela va être pris en compte pour déterminer l’emplacement idéal d’une nouvelle école maternelle ou d’une plateforme de livraison. Selon les cas, on pourra choisir de privilégier les modes de transport doux (vélo, piéton) ou les véhicules motorisés ».
Vanessa Narbonne
Comment (re)faire la ville ?
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Les 21e rencontres internationales en urbanisme de l’Aperau « Métropoles au 21e siècle : coupures - coutures - soudures : comment (re)faire la ville ? » ont pour objectif de repenser la ville, pour lui redonner une harmonie. Elles auront lieu du 16 au 21 juin 2019 à l’Université de Strasbourg. Au programme : des conférences et aussi des visites de villes pour comprendre les problématiques et les enjeux sur le terrain.