Daniel Metzger et Gilles Laverny, de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC), en collaboration avec Natacha Rochel (IGBMC), Arnaud Molin (Hôpital Universitaire de Caen) et Agnès Linglart (Hôpital Bicêtre Paris Sud) ont mis au point une nouvelle manière de lutter contre les hypercalcémies induites par une surproduction de vitamine D. Les résultats de leurs travaux sont publiés dans Nature Communications.
11/12/2020
Le calcium est essentiel pour l’organisme, particulièrement lors de la croissance. S’il est présent en trop faible quantité, l’enfant souffre de rachitisme, mais une surproduction – ou hypercalcémie – peut entraîner des troubles sévères, notamment une insuffisance rénale.
“L’idée de cette thérapie est née d’une discussion avec le Pr. Linglart qui nous faisait part de l’absence de traitements satisfaisants“, se souvient Daniel Metzger, directeur de l’équipe Rôles physiopathologiques des voies de signalisation des récepteurs nucléaires à l’IGBMC qui précise qu’à l’heure actuelle, les malades souffrant d’hypercalcémie ont recours à des traitements lourds. « Ces derniers provoquent des effets secondaires importants au niveau du foie et des reins, et ont un impact considérable sur le développement osseux des enfants. »
Dans le cas de l’hypercalcémie sur laquelle ont travaillé les chercheurs, c’est une surproduction de vitamine qui entraîne des niveaux trop élevés de calcium sanguin. « La vitamine D se fixe normalement sur des récepteurs nucléaires qui entraînent l’expression de gènes et déclenchent l’absorption de calcium. C’est cette interaction que nous avons décidé de cibler », explique Gilles Laverny, qui codirige l’étude.
Une clé dans une serrure
« Nous étudions depuis de nombreuses années ces récepteurs nucléaires qui sont des protéines impliquées dans le contrôle d’un grand nombre de fonctions. C’est cette expertise qui nous permet de traiter directement la cause de l’hypercalcémie, ce que les autres traitements ne font pas », ajoute le chercheur.
Daniel Metzger compare l’interaction de la vitamine D avec son récepteur à celle d’une clé dans une serrure. En interdisant l’accès de la clé grâce à l’introduction d’une molécule développée à cet effet, les chercheurs empêchent la réaction en chaîne conduisant à l’hypercalcémie.
Les résultats de leurs travaux sont parus dans la revue Nature Communications et ouvrent des perspectives thérapeutiques prometteuses. Après des tests réussis in vivo, les chercheurs se préparent à passer en phase préclinique, pour continuer à évaluer l’efficacité du traitement.
Léa Fizzala