Loup Bernard, chercheur au sein de l’unité mixte de recherche Archéologie et histoire ancienne : méditerranée – Europe (Archimède), représente l’Université de Strasbourg au sein du réseau Particip-Arc. Un réseau de chercheurs et de professionnels des sciences participatives porté par le ministère de la culture. Il revient sur ces nouvelles formes de production de connaissances scientifiques.
22/10/2020
Qu’appelle-t-on sciences participatives ? Quel intérêt ?
« Il n’y a pas de définition gravée dans le marbre, définir les sciences participatives est justement l’un des objectifs du réseau Particip-Arc. Ces dernières impliquent idéalement une interaction qui se fait d’égal à égal entre non-professionnels et scientifiques avec un temps pris pour partager les expertises que ce soit à travers une aide à la recherche ou un travail en commun. Une interaction qui s’est nettement développée à travers les outils numériques avec des particuliers plus informés et documentés qu’il y a une vingtaine d’années. Cette aide peut être très utile, par exemple, en archéologie, les locaux connaissent leur environnement de manière plus précise que l’archéologue qui vient sur le terrain de manière ponctuelle. Avec les sciences participatives, nous ne sommes plus dans le cadre de la conférence menée par un professeur, ce qui permet d’attirer un public plus jeune et de l’intéresser à nos travaux tout en obligeant le chercheur à sortir de son laboratoire. »
Sous quelle forme, quels domaines sont concernés ?
« La science participative peut prendre différentes formes comme celle du jeu avec Zombilingo créé par des linguistes de la Sorbonne dans le cadre d'un projet de recherche destiné à construire des ressources lexicales et de corpus annotés pour des applications de traitement automatique de la langue. A l’Université de Strasbourg, il y a le Jardin des sciences ou l’université populaire. En archéologie, nous avons mis en place ArkeoGIS, une application pluridisciplinaire qui permet de questionner et d’analyser au moyen d’une interface cartographique les données scientifiques géo-référencées concernant le passé. Il y aussi le projet Rhinédits porté par Alexandre Sumpf qui vise à collecter et inventorier les films amateurs de la région du Rhin supérieur. Des envies ou des idées nous en avons plein. N’importe quelle équipe pourrait interagir davantage avec le public même si certains domaines s’y prêtent plus que d’autres. La physique et les mathématiques nécessitent un certain niveau mais chaque laboratoire doit avoir une réflexion sur le sujet. »
Quelles problématiques les sciences participatives soulèvent-elles ?
« Protection des données privées, question de licence sur les données partagées… Les sciences participatives posent des questions légales. Les problématiques sont différentes selon les spécialités. En archéologie, nous n'avons pas le droit de divulguer l'emplacement des sites. Pour les sujets vivants, la question de l’anonymat se pose. Par exemple comment un musicologue a-t’il le droit de traiter des enregistrements de mouvements de personnes pris grâce à leur téléphone. Le flou légal général rend les choses compliquées à gérer pour un chercheur et nous avons du mal à trouver des interlocuteurs à qui poser ces questions. Il y a aussi un aspect éthique avec la nécessité de citer ses sources et le risque d’utiliser le public comme un assistant. Sans oublier des problématiques logistiques. Il faut avoir des personnes dédiées pour interagir, répondre, animer les médiums créés. »
Propos recueillis par Marion Riegert
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