Deux chercheurs de l’unité mixte de recherche Biotechnologie et signalisation cellulaire ont étudié la manipulation de la polarisation des macrophages/microglies pour traiter le glioblastome ou la sclérose en plaques. Une étude originale portant sur deux maladies en apparence éloignées qui ouvre de nouvelles pistes de recherche.
03/03/2022
Depuis 15 ans, Dominique Bagnard développe des peptides* dans le but de moduler l’activité des récepteurs membranaires. « Avant, cela se faisait essentiellement via l’inhibition de ces récepteurs mais aujourd’hui de nouvelles techniques permettent de les activer », explique le chercheur qui précise que cette balance activation/inhibition peut résumer la biologie.
Dans les pathologies, la dérégulation à l’œuvre conduit à une suractivation ou une sous-activation des récepteurs. Dans cette étude, Thomas Kuntzel, doctorant, et Dominique Bagnard ont eu l’idée de rapprocher deux maladies a priori éloignées : la sclérose en plaques et le glioblastome. Un de leurs points communs ? La dérégulation des cellules microgliales et des macrophages.
Contrôler les récepteurs
Les cellules pro-inflammatoires, M1, et celles anti-inflammatoires, M2, sont touchées. « Dans la sclérose en plaques (SEP), il y a un excès d’activité, les cellules immunitaires sont poussées vers M1. A l’inverse dans le glioblastome, on observe une activité réduite, l’état M2 est renforcé. »
L’idée des chercheurs est d’utiliser une approche pour contrôler les récepteurs et ce via le développement de peptides responsables du passage de M1 vers M2. « Nous savons de mieux en mieux les transférer et les fabriquer. Grâce à ces peptides, nous pourrions moduler les cellules et les mécanismes à l’œuvre. »
Une recherche sur le fil du rasoir. « Les fonctions associées sont extrêmement diversifiées, nous devons être ultra précis pour ne pas déclencher d’effets secondaires. Il ne faudrait pas par exemple éteindre l’activité de M1. »
Identifier les cibles thérapeutiques
Un travail d’identification des cibles thérapeutiques est notamment mené. « Nous avons réalisé un test de criblage des récepteurs susceptibles d’être impliqués dans ces pathologies. Plus de 4 000 interactions biologiques sont analysées. »
Thomas Kuntzel est par ailleurs parvenu à obtenir un régulateur in vitro. Une première étape concluante, « mais de nombreuses autres, de validation et de contrôle de la toxicité notamment, sont encore nécessaires avant d’avoir un candidat médicament », conclut Dominique Bagnard.
Marion Riegert
* Les peptides sont des chaînes courtes d'acides aminés qui fonctionnent comme des briques de construction pour les protéines.