Sexualité et normalité, où se situe la frontière ?

09/04/2019

Qu’est-ce que la normalité dans la sexualité ? Y’en a-t-il seulement une ? Pour tenter de répondre à cette question, Rachel Perrel, doctorante en anthropologie à l'Université de Strasbourg, interviendra lors d’une conférence, jeudi 11 avril 2019 au Patio. Rencontre en avant-première pour une interview qui joue avec les frontières du dicible et de l’indicible.

Sadomasochisme, fétichisme, bondage... dans le cadre de sa thèse, Rachel Perrel, doctorante au laboratoire Dynamiques européennes, s’intéresse à ces individus dont les pratiques flirtent avec les frontières du normal... ou du moins la représentation qu'ils en ont. Le tout, à travers 10 profils d’artistes et d’artisans qui  sortent des cases et font l’originalité de sa recherche.

« Généralement, les sociologues analysent une population spécifique. Pour ma thèse, j’étudie des homosexuels, des hétérosexuels des bi et d’autres qui ne veulent pas se déterminer. Ils créent leur propre catégorie, un style bien à eux », raconte la chercheuse qui note qu’au rayon sexualité de la bibliothèque de sociologie la plupart des ouvrages traitent de la violence, du sida et rien sur le plaisir. « J’avais envie de voir la diversité et la complexité de cette notion avec des personnes qui cherchent à jouir du grand tout et sont ouvertes à de nouvelles explorations. »

Un goût prononcé pour l’initiation

Livres, films, peintures, sculptures, photographies, création de tenues en latex, performances… « Les artistes que j’ai sélectionnés jouent avec les limites pour transgresser la norme de manière revendiquée et politique en créant et diffusant dans la société des artefacts érotiques. » Un moyen de faire évoluer la frontière entre ce qui est tolérable et ce qui ne l’est pas en contrebalançant les représentations traditionnelles de la société tout en restant dans un cadre légal.

Pour ressentir cette frontière, les artistes interrogés aiment à jouer avec les « normaux » afin de les initier à leurs jeux, découvrir leurs fantaisies « avec toujours en arrière-plan un désir de bienveillance et un échange équitable de plaisir. Pour eux, la transgression c’est l’aventure. Un champ d’autant plus mystérieux qu’il relève du domaine de l’intime. »

Les artistes travaillent alors comme des scientifiques : « Ils font des hypothèses, voient si ça marche et réajustent. Ils sont dans une recherche.» Mais eux aussi ont leurs limites. « Chacun possède ses propres normes et contraintes en matière de sexualité », conclut Rachel Perrel.

Marion Riegert

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