Singularité, pluralité, collectif, les élèves font-ils la différence ?

19/02/2019

Maitre de conférences en sciences du langage spécialisée en sémantique et syntaxe des marqueurs du discours, Hélène D’Apote-Vassiliadou aime jouer avec les mots. Son dernier projet Lire et comprendre à l’école élémentaire : singularité, pluralité et collectif s’est achevé en décembre 2018.

Qui ?

Le projet porté par Marie Lammert, maitre de conférences en sciences du langage, s’inscrit dans un Groupement d’intérêt scientifique « éducation et formation ». Il a été mené à travers un partenariat entre le Laboratoire de psychologie des cognitions, le Laboratoire interuniversitaire des sciences de l'éducation et de la communication et l’équipe d’accueil Linguistique, langues, parole dont Hélène D’Apote-Vassiliadou fait partie. Les expériences ont été réalisées par des étudiants en école d’orthophonie, leur permettant de s’initier à la recherche.

Quoi ?

Achevé en décembre 2018, le projet porte sur l’étude de la compréhension à l’école élémentaire de la singularité, de la pluralité et du collectif à travers l’étude des noms dits collectifs (famille, groupe, équipe, orchestre) qui ont une forme singulière, mais un sens véhiculant de la pluralité. Les chercheurs ont par exemple tenté de définir si les enfants étaient capables de comprendre que le verbe « regrouper » accepte le singulier lorsque celui-ci est un nom collectif. « Nous pouvons dire regrouper un troupeau mais pas regrouper une chèvre. » Pour ce faire, ils ont testé 163 enfants de différentes classes de CE1 et de CM2. Le tout, grâce à trois tests sur ordinateur (lire encadré) et un protocole strict excluant les enfants ayant des troubles du langage.

Pourquoi ?

« Le projet nous permet de vérifier que le niveau de compréhension écrite des noms collectifs est en lien avec le niveau de lecture. Et ainsi déterminer si les élèves ont accès aux concepts collectifs avant qu’ils leur soient enseignés. » Un sujet peu exploré. Les tests amènent également à explorer des notions linguistiques plus théoriques de manière expérimentale. Sans oublier de permettre aux enseignants de vérifier que les noms collectifs soient bien assimilés.

 

Et après ?

Les résultats sont actuellement en traitement à l’aide d’un logiciel statistique. Cette recherche ouvre de nouvelles pistes sur d’autres phénomènes. « Durant les tests, nous avons remarqué que les enfants pensaient que le mot branchement signifiait avec plusieurs branches (confusion avec branchage). Ils ont une compréhension intuitive du lexique et ils montrent une compétence de composition morphologique qui se perd ensuite à l’école, une fois qu’ils apprennent les règles du langage. » Les résultats permettront également à terme de donner des préconisations pour l’enseignement à l’école.

Marion Riegert

Trois exercices pour tester les élèves

Good to know

1- Les verbes de rassemblement. Les enfants étaient invités à cliquer pour faire apparaitre, du premier au dernier, les mots d’une phrase. En calculant le temps d’appui sur le clavier et le temps de lâcher, l’exercice permet de voir si l’enfant est surpris par l’apparition du singulier après un verbe de rassemblement. « Par exemple en comparant les temps d’appui entre Paul réunit les chèvres et Paul réunit le troupeau. Un temps d’appui plus long étant synonyme de surprise.

2 - La compréhension écrite des noms collectifs. « Nous souhaitions déterminer si les élèves perçoivent la pluralité dans les noms au singulier. » Pour ce faire, les élèves répondent le plus rapidement possible en disant si l’image correspond bien au nom. « Une image représentant plusieurs chèvres est-elle plus rapidement associée par les enfants à un troupeau ou des chèvres ? » Si les élèves comprennent la pluralité, le temps de réponse est similaire au singulier, au pluriel et au collectif.

3- Le niveau cognitif. Ce dernier exercice permet de voir comment les élèves conceptualisent les noms collectifs et si certains facteurs peuvent influencer leur construction de la pluralité. « Est-ce qu’ils arrivent à comprendre qu’il y a des membres dans un nom collectif ? S’il y a un marquage au pluriel, est-ce que la marque grammaticale leur permet de conceptualiser plus facilement ? » L’élève est invité à associer un mot, par exemple bouquet, avec un ou plusieurs points représentant le singulier et le pluriel. « Nous avons ajouté chevelure, feuillage et des mots inventés comme orteillure pour voir si les élèves assimilaient les traits collectifs dans le suffixe. »

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