Un observatoire pour la centrale nucléaire de Fessenheim

17/10/2018

Créé le 6 juillet 2018, le 13e Observatoire Hommes-Milieux va scruter les évolutions induites par l’annonce de la fermeture du site nucléaire de Fessenheim qui compte parmi les plus anciens de France. Une approche pluridisciplinaire permettant de bâtir la connaissance scientifique des conséquences d’un tel évènement. Le point avec Dominique Badariotti, chercheur au Laboratoire image, ville, environnement et directeur de l’OHM.

Un déclencheur

L’idée de créer un Observatoire Hommes-Milieux a véritablement été lancée à l’occasion d’un colloque en 2017 sur Fessenheim. « C’est là que le CNRS nous a proposé de monter un observatoire. Nous avions déjà eu une réflexion trois, quatre ans en amont sur le sujet qui avait débouché sur un premier pré-projet intégré au volet Fessenheim du contrat de plan État-région, volet qui n’a finalement jamais été validé … Ce colloque a donc été le réel déclencheur de ce qui est aujourd’hui le 13e OHM. »

Avril 2017, le point zéro

Pour créer un OHM, trois éléments sont nécessaires. Un fait structurant anthropo-construit, dans ce cas Fessenheim et son socio-écosystème, un objet focal, la centrale nucléaire et un événement fondateur qui va changer les conditions du milieu à savoir pour l’équipe strasbourgeoise la décision de fermer le site. Le point zéro de l’observation a été fixé à avril 2017, date du conseil d’administration EDF où la décision de fermer a été actée.

Un rôle d’observateur

L’annonce de la fermeture va entraîner une série d’évènements, le lieu va changer de trajectoire. « A partir de cette annonce, nous avons pu remarquer une agitation politico-médiatique qui n’était pas présente auparavant. » L’idée pour l’OHM n’est pas d’intervenir ni de proposer des solutions mais d’observer comment le système se réoriente et se réorganise. « Fessenheim a été la première centrale de France à produire de l’énergie électrique civile et sera la première de ce type à être fermée. Observer cet évènement, nous permettra de dégager des connaissances pour les sites qui fermeront par la suite. »

Le fonctionnement

Créé en collaboration entre l’Université de Strasbourg et quatre instituts CNRS : (l’Institut national écologie et environnement, l’Institut national des sciences de l'univers, l’Institut national de physique nucléaire et de physique des particules et l’Institut national des sciences humaines et sociales), l’OHM est dirigé par Dominique Badariotti. Il est composé d’un comité de direction, d’un comité de pilotage comprenant des scientifiques de différents domaines et des experts locaux et d’un comité d’orientation stratégique ouvert à la société et aux industriels. « Il va falloir convaincre ces derniers de l’intérêt scientifique de notre projet. » Les différentes observations se feront via des appels à projets. Le premier concernera un état des lieux. Sans oublier un volet archivage : « Toutes les observations vont être conservées pour créer une base de données. »

Trois volets d’étude

Chaque OHM a ses thématiques. Celui de Fessenheim va comporter trois grands volets. Le premier, concerne l’environnement : « Il faudra observer le démantèlement, le traitement des déchets… » Vente de maisons, fermeture de commerces… Le deuxième volet se situe du côté socio-économico-politique. « La fermeture va impacter directement l’économie locale et la vie des communes environnantes. Il va aussi y avoir un tarissement des ressources redistribuées par la centrale. » Sans parler du paysage politique. « Les travailleurs de la centrale, souvent favorables au nucléaire sont électeurs, leur mutation va changer la donne. » Enfin, le troisième volet est énergétique : L’Alsace exportatrice d’électricité va devenir importatrice. « Il faudra voir ce que va devenir le site. Beaucoup de questions portent sur les énergies transitionnelles qui pourraient être mises en place. »

Marion Riegert

Les Observatoires Hommes-Milieux en bref

Bon à savoir

Conçus et développés par le CNRS depuis 2007, les Observatoires Hommes-Milieux constituent un dispositif de recherche dédié à la compréhension des écosystèmes très anthropisés et artificialisés. Etats-Unis, Chili, France… Il y a aujourd’hui 13 OHM distillés à travers le monde. Ils sont regroupés au sein du Labex DRIIHM (Dispositif de recherche interdisciplinaire sur les interactions Hommes-Milieux), issu du Programme investissements d’avenir qui octroie chaque année environ 1 million d’euros pour financer notamment les différents appels à projets des OHM.

Les OHM ont pour but de développer des recherches fondamentales et appliquées et de prêter une attention particulière à la demande sociétale. Ils fournissent une compréhension des systèmes sous une forme telle qu’elle puisse aussi venir éclairer les décideurs politiques, économiques ou sociaux au moment de leurs choix.

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