Un prix l’Oréal-Unesco pour mieux protéger les tortues marines

26/10/2020

Lorène Jeantet compte parmi les 35 chercheuses primées par le prix jeunes talents France 2020 l’Oréal-Unesco pour les femmes et la science dans la catégorie science de l’environnement et de la terre. La doctorante de l’Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien (IPHC) présente sa recherche sur les tortues marines qui lui permet d’allier sa passion pour les animaux et son souhait de préserver la biodiversité.

« Le déclin de la biodiversité, même si on en entend parler de temps en temps à la radio, moi, je le vois directement sur le terrain. J’ai toujours eu le sentiment qu’il y avait un problème, que quelque chose ne tournait pas rond, que nous étions en train de détruire notre planète », souligne Lorène Jeantet qui s’est engagée dans la recherche pour la conservation des tortues marines en Guyane et en Martinique. « Dans les années 90, il y avait 50 000 pontes de tortues luths par saison. Aujourd’hui, nous sommes à moins de 200. »

Un sujet arrivé un peu par hasard. Après des études d’ingénieur agronome à Toulouse, Lorène Jeantet répond à une annonce de stage pour étudier les tortues marines à l’aide de biologgeurs au côté de Damien Chevallier, chercheur à l’IPHC. Elle enchaine avec une thèse débutée en 2018 sur la stratégie alimentaire et l’optimisation du comportement de plongée des tortues marines.

Comme des dinosaures

En Guyane, d’avril à juin, les tortues luths pondent sur la plage, partent 13 jours et reviennent pondre. « C’est cette phase où elles sont proches des côtes qui nous intéresse. Nous les équipons de biologgeurs lorsqu’elles sont sur les plages et les enlevons lors de la seconde ponte. « C’est assez impressionnant, les tortues luths ressemblent à des dinosaures et les femelles peuvent faire jusqu’à 500 kg ! » Un travail qui se fait de nuit et peut s’avérer dangereux. « Parfois nous croisons des braconniers », raconte Lorène Jeantet qui se rend également en Martinique équiper des tortues plus jeunes en mer épaulée par des apnéistes.

Pour les tortues vertes, présentes en février-mars, l’année dernière, sept ont été appareillées et le comportement d’un individu a pu être identifié durant 13 jours. « Les analyses des données sont en cours. Le biologgeur nous donne des indications sur leur posture, leur mouvement. A partir de ces signaux validés dans une première phase grâce à une caméra embarquée, j’entraîne un algorithme à identifier les comportements de l’animal », explique la doctorante qui retournera sur le terrain équiper de nouvelles tortues l’année prochaine.

« L’impression de mériter ma place »

Toutes ces données permettront d’identifier les zones de repos et d’alimentation des tortues pour à terme établir des aires marines protégées ajustables au niveau spatio-temporel. « Par exemple, si la tortue se nourrit le matin, la zone pourrait être interdite au tourisme pendant cette période. Ce qui permettrait de poursuivre les activités touristiques le reste du temps. »

Pour la jeune femme, le prix jeunes talents est une valorisation de son travail. « Les femmes ne sont pas orientées vers le milieu de la recherche, c’est un milieu compétitif, il faut avoir confiance en soi. Avec ce prix, j’ai l’impression de mériter ma place, ça me donne envie de persévérer dans la recherche. » Le prix de 15 000 euros servira à acheter de nouveaux biologgers, une technologie qui reste chère. « Nous allons également commencer à travailler sur les tortues olivâtres. »

Marion Riegert

Le prix jeunes talents France l’Oréal-Unesco

Good to know

Pour la 14e édition annuelle du prix jeunes talents France 2020, la Fondation l’Oréal et ses partenaires, l’Académie des sciences et la Commission nationale française pour l’Unesco, ont sélectionné 23 doctorantes et 12 post-doctorantes issues de multiples disciplines scientifiques en France parmi près de 700 candidates. Leurs travaux contribuent à bâtir un monde meilleur, durable, plus résilient et inclusif. Fait notable, le palmarès 2020 inclut 5 lauréates effectuant leurs recherches en Guyane, en Martinique et en Nouvelle-Calédonie.

Ces scientifiques prometteuses sélectionnées par un jury composé de 20 chercheurs de l’Académie des sciences ont reçu une dotation de 15 000 € pour les doctorantes et de 20 000 € pour les post-doctorantes, qui va leur donner les moyens de poursuivre et de consolider leurs travaux de recherche. En France, les femmes sont toujours sous-représentées dans les études et les professions de recherche : elles constituent 28 % des chercheurs. En Europe, 86 % des hautes fonctions académiques en sciences sont exercées par des hommes et au niveau mondial, les femmes sont seulement 3 % à avoir été récompensées par des prix Nobel scientifiques.

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