Déchaussement, dents qui bougent… La parodontite est une maladie inflammatoire conduisant à la destruction des tissus de la gencive et de l’os qui porte les dents. Olivier Huck, dentiste et chercheur au sein de l’unité mixte de recherche de Nanomédecine régénérative (Inserm UMR 1260) a découvert qu’une molécule présente dans l’hémoglobine d’un ver marin permettait de réduire l’inflammation et de baisser la croissance d’une des bactéries responsables de la pathologie.
07/10/2020
Pour soigner la parodontite, Il existe actuellement des traitement antibiotiques et mécaniques consistant à supprimer partiellement les bactéries responsables de la maladie. « Mais ils sont limités et ne permettent pas d’atteindre toutes les zones ni de régénérer les tissus abimés dans les cas les plus sévères. » Il y a deux ans, Olivier Huck, via une connaissance commune, entre en contact avec Franck Zal, biologiste marin fondateur d’Hemarina, une société de biotechnologies bretonne. Ce dernier développe des produits de santé à partir d’un ver océanique présent sur les plages dont la particularité consiste à pouvoir rester longtemps en apnée.
Cette faculté est due à leur hémoglobine, capable de transporter 40 fois plus d’oxygène que celle humaine grâce à une molécule appelée M101 que Franck Zal est parvenu à isoler. « Cette molécule est déjà utilisée pour optimiser la préservation des organes prélevés : ajoutée dans le milieu dans lequel ils sont acheminés, elle permet de mieux les oxygéner et ainsi optimiser la survie de la greffe », souligne Olivier Huck.
Un vecteur de type gel
Dans le cas de la parodontite, les bactéries responsables de la pathologie sont anaérobies, c’est-à-dire qu’elles vivent sans oxygène. L’idée du chercheur ? Amener la molécule M101 dans la lésion présente autour de la dent pour modifier leur environnement et ainsi éliminer la bactérie et favoriser la cicatrisation. In vitro, Olivier Huck constate une baisse de la croissance bactérienne d’un des pathogènes clés ainsi qu’un effet anti-inflammatoire. Des essais sont ensuite réalisés sur des modèles murins simples présentant un abcès sur le crâne.
Prochaine étape : tester le traitement sur des modèles ayant des pathologies parodontales à travers le développement d’un vecteur de type gel pour injecter la molécule directement dans la gencive. « Nous souhaitons éviter au maximum les traitements plus invasifs. Des essais cliniques pourraient avoir lieu d’ici deux à trois ans. Ce traitement, s’il était validé, serait un adjuvant moléculaire à utiliser en complément des traitements existants. »
Le dentiste va également chercher à savoir si l’effet anti-inflammatoire est dû à la fonction de transport d’oxygène seule ou à une autre fonction de la molécule. « Si c’est le cas, cela pourrait être intéressant pour d’autres applications. »
Marion Riegert