Une découverte astronomique dans un calendrier

07/02/2018

La trouvaille est arrivée un peu par hasard… Lorsque Pierre-Alain Duc, directeur de l’Observatoire astronomique de Strasbourg, regarde la photo du mois de juin du nouveau calendrier du Télescope Canada, France, Hawaï (CFHT), il se rend compte que le Quintette de Stephan, un groupe de galaxies proches bien connu,  était loin d’avoir livré tous ses secrets.

Tout commence au mois de juin 2017 lorsque Pierre-Alain Duc rend visite à un ancien collègue parisien en charge de la production du calendrier du Télescope Canada-France-Hawaï. En regardant l’édition 2018, la photographie du mois de juin attire son attention. « L’image n’a pas été initialement faite pour être exploitée scientifiquement, mais j’y ai vu des choses nouvelles. »

Le chercheur met alors à profit la période estivale pour effectuer quelques recherches et réalise, avec ses collègues, deux découvertes. « Lors de sa première observation, les astronomes pensaient que cinq galaxies formaient le Quintette d’où son nom, mais ils se sont aperçus plus tard que l’une d’elles était en fait en avant plan et ne faisait pas partie de cet ensemble. Il ne s’agissait donc plus que d’un Quartette. Cependant, nous soupçonnions tout de même l’existence d’une cinquième galaxie.» Soupçon confirmé par la photographie du calendrier. « Cette galaxie est reliée par un courant stellaire aux autres. On peut imaginer qu’elle est passée dans le groupe et a entrainé un certain nombre d’étoiles dans son sillage. »

Une technique d’imagerie profonde

La seconde découverte concerne une autre galaxie du Quintette, la dernière arrivée selon les chercheurs. Ce ne serait pas le cas… « On la pensait inerte et qu’elle n’avait aucun rôle dans la dynamique du groupe or cette galaxie elliptique possède un halo contenant des étoiles vieilles de plusieurs milliards d’années, c’est donc peut-être l’une des premières galaxies du Quintette. »

Mais une découverte à partir d’une simple image optique de calendrier, c’est possible ? « C’est une question d’évolution des techniques », nous explique Pierre-Alain Duc. Dans les années 50, des plaques de photographies contenant de grands champs de vue étaient utilisées. Avec l’avènement des CCDs, détecteurs présents dans les caméras, la capacité à détecter ces champs de vue a été perdue. Il a fallu attendre le développement de matrices de détecteurs, et des progrès dans le traitement d’images,  pour être à nouveau sensible à ces structures très étendues. « Cette technique d’imagerie profonde revient à la mode. Plusieurs galaxies avaient été regardées sous ce nouveau jour mais pas encore le Quintette de Stephan. » Les images permettent ainsi de voir des structures qui ne sont pas observées habituellement. De quoi ouvrir un nouveau champ d’exploration pour les astronomes sur des galaxies qu’ils pensaient pourtant bien connaitre…

Marion Riegert

Un article sur le cannibalisme galactique

Good to know

Pierre-Alain Duc a décidé de partager sa découverte à travers un article consacré au cannibalisme galactique généralisé du Quintette de Stephan publié le lundi 5 février dans la revue Monthly notices of the Royal. Cannibalisme ? « Une galaxie est un ensemble d’étoiles et de gaz  qui a de fortes chances de rencontrer d’autres galaxies. Souvent ce sont de grosses galaxies qui avalent les petites d’où le terme cannibalisme. Plus rarement, ce sont deux grosses galaxies qui se rencontrent. C’est ce qui pourrait arriver à notre Voie Lactée dans trois milliards d’années. Le Quintette de Stephan est un cas encore plus rare, avec cinq galaxies en interaction. »

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