Vocation d’entrepreneur : quels sont ces étudiants qui passent à l’acte ?

23/02/2022

Un étudiant sur deux serait prêt à créer son entreprise d’après le magazine chefdentreprise.com (2015). Trois chercheurs se sont intéressés à ces jeunes entrepreneurs et au passage de l’intention au comportement entrepreneurial. Et ce en mettant en place un jeu concours, une manière ludique de les inciter à participer à une enquête scientifique.

Pourquoi un étudiant décide-t-il de devenir entrepreneur ? Quelles conséquences implique cet engouement ? Pour répondre à ces questions, trois chercheurs ont décidé de se pencher plus particulièrement sur les étudiants de l’Université de Strasbourg. « Le problème, c’est le taux de réponse souvent faible or pour avoir des résultats significatifs et pouvoir publier il en faut un minimum », glisse Anaïs Hamelin, chercheuse au Laboratoire de recherche en gestion et économie (Large) qui participe au projet.

Pour les motiver, les chercheurs décident de miser sur l’incitation à travers un jeu concours lancé de fin octobre à début décembre. Le principe ? Dix bons cadeaux Fnac d’une valeur de 100 € attribués à dix personnes tirées au sort parmi les répondants. Une fois le règlement écrit et voté au sein de l’université, l’information est diffusée sur la liste étudiante, de la première année au doctorat, dans toutes les composantes.

Un mécanisme très efficace et novateur

Résultat : 11 000 réponses dont 8 500 complètes et ce avec une seule relance. « C’est un mécanisme très efficace encore jamais utilisé à l’université », se réjouit la chercheuse, qui précise que le questionnaire était anonyme, avec une seule participation possible.

Motivation, rapport à l’entrepreneuriat, variables sociodémographiques ou encore psychologiques, rapport au risque, à la compétition… Reste maintenant à analyser cette enquête d’une trentaine de questions. Sans oublier, grâce aux données de la base Apogée, de contrôler les biais, voir si les étudiants qui ont répondu sont bien représentatifs de l’Université de Strasbourg. « En parallèle, nous étudions également les données de l’Institut national de la statistique et des études économique (Insee) sur les étudiants créateurs d’entreprises et leurs motivations. »

Premier constat, les étudiants entrepreneurs sont variés. « Ce sont ceux qui créent ou reprennent une entreprise. On retrouve des étudiants porteurs de projets, des créateurs de start-up mais aussi des étudiants « auto-entrepreneurs contraints » qui créent leur entreprise pour assurer une activité de type livraison à domicile. Dans les statistiques Insee, nous avons découvert que près de la moitié des créateurs d’entreprise tout juste diplômés sont des professions libérales, qui s’installent comme avocat, médecin, dentiste, podologue ou infirmier. »

Mieux accompagner le phénomène

L’intérêt pour les chercheurs est notamment de cartographier la vocation entrepreneuriale des jeunes, puis plus précisément des étudiants. « Si nous comprenons mieux le phénomène, nous pourrons proposer des pistes de réflexion et d’amélioration autour de la question de l’entrepreneuriat, mais aussi mieux l’accompagner au niveau des politiques publiques, qui pour le moment sont plus axées sur le financement. »

Une autre enquête est prévue, centrée cette fois sur les étudiants de l’Ecole de management (EM) Strasbourg, avec un premier questionnaire en première année puis au bout de trois ans « pour voir si les études ont une influence sur l’envie de devenir entrepreneur et déterminer les facteurs qui facilitent le passage à l’acte entrepreneurial. »

Marion Riegert

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