48 000. C’est le nombre de décès prématurés en France dus, chaque année, aux particules fines selon une étude réalisée par Santé Publique France. Ce chiffre place la pollution de l’air à la troisième place des causes de mortalité en France, après le tabac et l’alcool. Comme d’autres agglomérations françaises, Strasbourg n’échappe pas à ce phénomène. Des niveaux préoccupants d’ozone, de dioxyde d’azote et de particules fines y sont régulièrement observés. Entre autres causes, un trafic routier important et la géographie en "cuvette" de l’Alsace qui tend à concentrer la pollution.
Mieux comprendre ce qui influence la pollution de l’air
Nadège Blond, chargée de recherche au Laboratoire, image, ville, environnement (Live) de Strasbourg, s’intéresse tout particulièrement à cette problématique. Responsable du groupe de recherche Energie, pollution de l’air et climat (Epac), la chercheuse s’efforce avec son équipe de mieux comprendre l’origine de la pollution atmosphérique. Leur angle d’attaque ? La modélisation. « Mesurer les polluants dans l’air est une chose, expliquer les valeurs mesurées en est une autre. A travers le développement de modèles numériques, nous nous efforçons de représenter le plus fidèlement possible les processus physiques et chimiques qui influencent la pollution de l’air. » Pour s’approcher au plus près de la réalité, les chercheurs s’appliquent à mieux simuler les émissions de polluants, la transformation chimique des espèces dans l’atmosphère, et leur transport. Le focus est mis sur la ville, les secteurs du trafic routier et du résidentiel. Car, si le trafic routier est une source continue de pollution, l’hiver, la pollution aux particules est aussi fortement causée par le chauffage urbain.
Prévoir pour mieux décider
Les modèles numériques sont utiles pour prévoir la qualité de l’air et d’éventuels dépassements de seuils. Mais pour Nadège Blond, ils permettent d’aller plus loin et d’aider à la décision. « Pour améliorer la situation, il ne faut pas oublier de se poser des questions de fond. Comment aménager la ville ou le territoire de telle façon à réduire nos émissions ? Comment organiser nos activités ? Quelles technologies mettre en place en priorité ?». Des questions auxquelles les collectivités locales n’ont pas toujours de réponses. Face à ce constat, la chercheuse a contribué à développer un outil d’aide à la décision. Baptisé RIAT+, le logiciel s’appuie sur une base de données importante de technologies pour simuler, évaluer et comparer entre elles des mesures de réduction de la pollution de l’air. Son atout ? En prenant en compte le coût de leur implémentation dans la société, le modèle est à même de dégager les stratégies les plus efficaces pour un budget donné. De la même façon, RIAT+ permet d’estimer le gain sur la santé, « bien plus considérable que le coût associé à la mise en place de mesures », souligne Nadège Blond.
Ronan Rousseau