La communauté scientifique d’astronomie est en pleine ébullition depuis le mercredi 25 avril, date à laquelle les milliards de données recueillies par le satellite Gaia ont été rendues accessibles à tous par l’Agence spatiale européenne (ESA). Consultable au Centre de données astronomiques de Strasbourg (CDS), ce deuxième catalogue Gaia dévoile des informations sur plus d’1,7 milliard d’étoiles.
03/05/2018
Sourire jusqu’aux oreilles, Olivier Bienaymé, astronome et chercheur à l’Observatoire astronomique de Strasbourg, nous ouvre les portes de son bureau. La raison de son enthousiasme ? La publication il y a quelques jours du deuxième catalogue Gaia, du nom du satellite européen. Le premier catalogue, publié le 14 septembre 2016, incluait la position et l'éclat de 1,1 milliard d'étoiles, mais les distances et les mouvements pour deux millions d'étoiles seulement. Aujourd’hui, les informations fournies portent sur plus d’1,7 milliard d’étoiles. « Une avancée sans précédent », glisse Olivier Bienaymé.
Pour ce spécialiste de l’étude du mouvement des étoiles, ces nouvelles données permettront de mesurer de façon inédite les distances et la vitesse de sept millions d’étoiles et leurs interactions dans la Voie lactée : « en observant les interactions, on peut en déduire les taux de matière noire dans la galaxie et les champs de force qui s’y exercent. » L’étude détaillée des courants d’étoiles et du potentiel gravitationnel sera également facilitée par ces découvertes, notamment grâce à des représentations graphiques très précises. « Leur examen permet déjà d'en apprendre beaucoup sur l’histoire de notre galaxie », souligne Olivier Bienaymé.
Évaluer la taille de notre Voie lactée
Cent fois plus précises que précédemment, ces nouvelles données serviront à améliorer les modélisations de la galaxie déjà créées : « il est maintenant possible d’évaluer avec précision les positions, distances et âges des étoiles en étudiant et comparant leur luminosité mais aussi leur température grâce à des mesures de leur couleur ».
Cette étude du positionnement des étoiles pourrait permettre d’évaluer la taille de notre Voie lactée et de mieux comprendre les caractéristiques des galaxies plus lointaines. « Nous avons du travail pour au moins les vingt prochaines années, et ce n’est que le début ! », conclut Olivier Bienaymé. De quoi patienter jusqu’à la parution du prochain catalogue Gaia…
Romain Hirt
Bon à savoir
450 scientifiques issus de 20 pays ont coordonné leurs efforts pour traiter et rendre exploitables les milliards de données brutes recueillies par le satellite Gaia depuis septembre 2016 et publiées dans ce deuxième catalogue. Cette quantité astronomique d’informations, « d’une qualité jamais vue auparavant » selon Olivier Bienaymé, servira à des travaux de scientifiques du monde entier.
A l’Observatoire de Strasbourg, le Centre de données astronomiques joue un rôle central dans la diffusion des informations transmises par Gaia grâce à une plateforme spécifique appelée VizieR. Ouverte à tous, elle facilite le croisement de données issues de catalogues différents tout en permettant une visualisation précise des objets d’étude à l’échelle du ciel. « A peine trente heures après la publication du catalogue, nous avions déjà reçu plus d’un million de requêtes », se réjouit Olivier Bienaymé.