La liberté de religion aux temps du coronavirus

03/07/2020

[Série] Regards croisés de chercheurs sur la Covid-19 : droit des religions. Quelles conséquences de la Covid-19 sur la liberté de religion ? Cette question était au cœur de deux conférences organisées par l’équipe droits et religions de l’unité mixte de recherche Droit, religion, entreprise et société (Dres). La première, le 24 juin, porte sur les droits étatiques tandis que la seconde, le 1er juillet, s’intéresse aux droits internes des religions.

« Croire, c’est croire ensemble », soulignait Paul Ricoeur dans un entretien à l'Express. Droit fondamental, la liberté de religion a été considérablement restreinte durant la période de confinement dans sa dimension collective, incluant la liberté de manifester sa religion c’est-à-dire de participer aux cultes, aux cérémonies… « L’état d’urgence sanitaire a créé une situation inédite. Il n’est pas question de savoir si c’est juste ou non mais plutôt de voir ce qui a été mis en place du point de vue du droit et d’analyser les restrictions à la liberté de religion », souligne Vincente Fortier, directrice de l’unité mixte de recherche Dres qui souhaite ainsi proposer un regard distancié sur les évènements.

Première étape : une demi-journée consacrée aux mesures prises par certains pays européens à travers l’intervention de différents spécialistes. Espagne, Italie, Belgique, Allemagne, France, « chaque état a décrété des mesures de confinement et, de manière quasi unanime, toutes les religions s’y sont pliées », résume Vincente Fortier. Avec en tension la nécessité de préserver la santé publique, « alors même qu’au niveau de l’engagement à respecter la Convention européenne des droits de l’homme, le droit de dérogation prévu à l’article 15 n’a pas été utilisé par la France, ni par aucun des Etats représentés dans cette demi-journée d’étude. »

« La prière n’a pas forcément besoin de lieu de rassemblement. »

En France, les lieux de culte sont restés ouverts et accessibles aux fidèles, « le problème c’est qu’il n’existait pas de case dédiée sur l’autorisation de sortie. Si la personne n’habitait pas dans un rayon d’un kilomètre de son lieu de culte, elle ne pouvait pas s’y rendre. Le ministre de l’Intérieur a d’ailleurs précisé le 13 mai 2020 que « La prière n’a pas forcément besoin de lieu de rassemblement. » » Le vivre ensemble a également été mis à mal avec le port du masque, qui réouvre la question de la dissimulation du visage dans l’espace public…

Modification des pratiques, cérémonies retransmises… Une deuxième matinée a été consacrée aux droits internes des religions et plus précisément à la manière dont les trois grandes religions monothéistes (christianisme, judaïsme et islam) ont fait face à cette situation que leurs droits et règlements internes respectifs ne pouvaient pas prévoir. « Les répercussions sur leur mode de fonctionnement institutionnel classique ne manqueront pas de susciter une réflexion nourrie dans le temps sur les modes d’expression de l’appartenance ou de l’adhésion à une confession religieuse », précise Vincente Fortier qui indique que tous les textes des interventions seront mis en ligne prochainement sur le site de Dres.

Marion Riegert

Regards croisés de chercheurs sur la Covid-19

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