Bourses ERC : "une impulsion fantastique"

11/04/2017

Formidables outils, les bourses ERC encouragent une recherche ambitieuse et innovante. Sur les 45 lauréats alsaciens, 9 sont des lauréates. Parmi elles, Caroline Rouaux et Luisa De Cola nous racontent leur projet et ce qui a changé dans leur quotidien de chercheuses. Récit et interview.

Quand on lui demande ce que sa bourse ERC a changé dans son quotidien de chercheuse depuis deux ans, Caroline Rouaux, chargée de recherche à l’Inserm, n’hésite pas : « Tout ! » Elle explique : « L’ERC vous offre une vraie liberté dans la manière de conduire vos recherches, de monter votre équipe, d’utiliser les fonds. »

Depuis qu’elle a obtenu une bourse ERC Starting Grant en 2015, la scientifique de 38 ans a pu étoffer son équipe, passant d’une doctorante et d’un étudiant stagiaire à cinq personnes dont trois exclusivement financés par l’ERC. De plus, grâce à l’achat d’un microscope dernier cri, elle a pu développer de nouvelles techniques dans son laboratoire de rattachement « Mécanismes centraux et périphériques de la neurodégénérescence ». L’argent de l’ERC lui permet également de recourir à des plateformes en sous-traitance pour analyser un grand nombre d’échantillons. « On a pu voir beaucoup plus grand et développer des techniques qui tournent bien et qui sont maintenant à la pointe », se réjouit-elle.

Mieux comprendre la mort de neurones

Au-delà de la sérénité financière que procure un financement de 1.5 millions d’euros, Caroline Rouaux voit aussi dans cette bourse ERC une reconnaissance et une marque de confiance pour les idées développées dans un projet qui lui tient à cœur. Depuis sa thèse, qui visait à comprendre les mécanismes régulant la mort programmée des cellules ou apoptose, la chercheuse s’intéresse à la sclérose latérale amyotrophique (SLA), une terrible maladie neurodégénérative. « Elle touche les motoneurones et  conduit à une dénervation des muscles qui entraine une paralysie progressive des patients. » Bien souvent, les malades décèdent au bout de quelques années de lutte, des suites d’une insuffisance respiratoire. Deux types de neurones sont affectés : ceux de la moelle épinière et les motoneurones du cortex cérébral. Jusqu’à présent, ce sont surtout les premiers qui ont été étudiés dans le contexte de la maladie. Dans le cadre de son projet, Caroline Rouaux et son équipe cherchent donc à comprendre le rôle que jouent les neurones du cortex cérébral dans la pathologie. Sont-ils impliqués dans le déclenchement et/ou dans la progression de la maladie ? Comment meurent-ils ? Peut-on les régénérer pour le bénéfice des patients ? Autant de questions qu'il reste encore à éclaircir.

Une chance à saisir

Pour obtenir une bourse ERC, les chercheurs sont évalués sur leur vision sur 5 ans. Ce temps relativement long est un atout. « Cela nous laisse une marge de manœuvre pour gérer les imprévus et réorganiser les priorités en fonction des résultats sans pour autant prendre des raccourcis, explique Caroline Rouaux. On peut avoir un projet à l’année 1 et il peut avoir drastiquement changé à l’année 3. C’est aussi ça la recherche. »

Si la scientifique considère l’ERC comme « une impulsion fantastique », elle n’a pas tenté sa chance immédiatement. « J’ai d’abord postulé sur une bourse Marie Curie, parmi d’autres demandes de financements. L’ERC me paraissait inaccessible ! » Caroline Rouaux reconnaît avoir été son propre frein. « Je crois que je manquais de confiance en moi ». Mais le fait de se confronter au processus de sélection européenne via Marie Curie la rassure sur la valeur de son projet. « Les retours des examinateurs étaient souvent positifs. » Son projet est toutefois qualifié de « très » voire « trop » ambitieux. « S’il était perçu ainsi, je me suis dit qu’il fallait peut-être que je sois moi aussi plus ambitieuse dans mes demandes de financements. » Aujourd’hui, elle ne le regrette pas.

Ronan Rousseau

 

Plus d'informations

Pour aller plus loin : lire l'entretien avec Luisa de Cola, lauréate d'une bourse ERC Advanced Grant en 2009. Elle revient pour nous sur son projet et nous livre son avis sur l’utilité de ces bourses.

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