23/02/21
À la une Vie et santé
Philippe Bertin, professeur au GMGM, étudie depuis 20 ans les mécanismes d’adaptation des microorganismes aux environnements pollués. Travaillant au départ sur l’arsenic, son équipe a élargi son champ d’investigation à des composés variés. Il y a un an, il est contacté par Annela Semai, une doctorante algérienne bénéficiant d’une bourse de recherche, pour caractériser des souches bactériennes. Au total, une dizaine de souches isolées d’effluents industriels en Algérie.
La première à être décrite, Serratia sp. Tan611, provient d’une tannerie. « Nous avons remarqué qu’elle présentait une forte capacité à dégrader les hydrocarbures comme le pétrole dont elle se nourrit pour se développer. »
La première d’une longue série
En étudiant son génome, et parallèlement aux analyses chimiques réalisées en collaboration avec le Laboratoire de spectrométrie de masse des interactions et des systèmes, les chercheurs remarquent que la souche ne possède pas le gène caractéristique des bactéries qui dégradent habituellement les hydrocarbures étudiés. « Il s’agit donc d’un processus qui n’avait pas encore été décrit chez de telles bactéries. Des analyses complémentaires sont actuellement en cours en collaboration avec la Plate-forme protéomique Strasbourg-Esplanade. »
Les autres souches doivent également être caractérisées. « Nous espérons que Serratia sp. Tan611 sera la première d’une longue série. L’idée étant à terme de voir s’il est possible de coupler les spécificités métaboliques des différentes souches afin de créer un consortium le plus efficace possible pour dépolluer les rejets des usines pétrochimiques. »
Marion Riegert
- Pour aller plus loin sur les recherches de Philippe Bertin, lire aussi : "Un groupement d’intérêt scientifique autour de la microbiologie".