Le mouvement des galaxies naines remis en question

10/02/2021

Les galaxies naines évoluent de manière organisée dans un même plan autour de la Voie lactée et d’Andromède. Ce phénomène que les scientifiques pensaient isolé a été observé également pour la galaxie de Centaurus A par Oliver Müller, chercheur à l’Observatoire astronomique de Strasbourg, faisant peu à peu de l’exception la règle.

Les simulations de formation des galaxies postulent que les galaxies naines sont distribuées uniformément et aléatoirement sans plan privilégié autour des grandes galaxies. Andromède et la Voie lactée surprennent et apparaissent comme des cas uniques car les galaxies naines qui gravitent autour d’elles n’y sont pas réparties uniformément et sont organisées dans un mouvement d’ensemble.

Dans le cadre de son doctorat à Bâle, en 2018, Oliver Müller s’intéresse à la galaxie Centaurus A. Objectif : voir si ce phénomène est propre à ces deux galaxies ou s’il est observable sur d’autres ensembles. « J’ai récupéré les données disponibles dans la littérature pour en faire des diagrammes. » Il remarque ainsi que 14 des 16 galaxies naines de Centaurus A sont alignées dans un plan et tournent dans le même sens, comme c’est le cas pour la Voie lactée et Andromède.

« Nous sommes sûrs à 99% »

Pour poursuivre son étude en post-doctorat, il rejoint le chercheur Rodrigo Ibata à l’Observatoire astronomique de Strasbourg. « Centaurus A compte une cinquantaine de galaxies satellites, j’ai élargi l’échantillon pour en mesurer 12 nouvelles. » Soit 20 heures d’observations sur le Very Large Telescope* qui viennent confirmer ses premiers résultats. « Avec 16 galaxies, il y avait encore une possibilité que ce soit le hasard. Là, nous sommes sûrs à 99%. » Pour voir si le phénomène se répète, Oliver Müller va poursuivre ses recherches sur d’autres groupes de galaxies. « Au début les gens étaient dubitatifs, maintenant ils commencent à changer de point de vue. »

Et les simulations dans tout ça ? « Elles sont basées sur les théories de la relativité générale mais on ne peut pas tout remettre en cause pour un seul problème. Le fait que les simulations soient contredites par les observations ne veut pas dire que ces théories soient fausses. Le problème ce n’est peut-être pas l’hypothèse de départ mais un ingrédient qui manquerait », explique le chercheur qui laisse le soin aux spécialistes du domaine de se pencher sur la question. A Strasbourg par exemple Benoit Famaey étudie des modèles de gravité alternative capables de reproduire ce genre de formation.

Marion Riegert

* Situé à l'Observatoire du Cerro Paranal dans le désert au nord du Chili, le Very Large Telescope array (VLT – très grand télescope) se compose de quatre télescopes principaux et quatre télescopes auxiliaires.

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