Ni permise, ni interdite la circoncision rituelle est source de perplexité pour le juriste français. Comment considérer une pratique qui, tout en s’inscrivant dans la liberté de religion, porte atteinte à l’intégrité physique d’un enfant, en dépit du principe d’inviolabilité du corps humain ? Le groupe de recherche Cirit s’est penché sur la question.
La circoncision rituelle est un sujet sensible autour duquel se cristallisent des points de vue contradictoires. « En effet, elle touche à l’enfant, à son corps, à sa liberté, et remet en cause les principes fondamentaux des religions concernées », explique Vincente Fortier, directrice de recherche au sein de l'équipe Droit, religion, entreprise et société (DRES). Durant 18 mois, elle a dirigé la réflexion du projet de recherche Cirit(1), qui a rassemblé un consortium international et interdisciplinaire de partenaires universitaires. « Compte tenu des enjeux soulevés, il était essentiel d’élargir la réflexion au-delà du droit, précise Vincente Fortier. Le juriste doit toujours tenir compte du contexte social, éthique, religieux ou historique de son sujet pour proposer une solution. La contextualisation du droit est essentielle».
Clarifier le paysage juridique qui encadre la circoncision rituelle
Les résultats de cette conjugaison de points de vue sont rassemblés sous la forme d’un ouvrage unique en son genre : La circoncision rituelle, enjeux de droits, enjeux de vérité (2). Ce « livre blanc » dresse un état des lieux juridique précis et encore jamais entrepris de la situation dans onze pays et propose des solutions de compromis (accord parental, gestion de la douleur, conditions sanitaires ou formation des personnes pratiquant le geste) avec comme clé de voûte le respect de l’intérêt de l’enfant. « Une notion cardinale et commune à l’ensemble des systèmes juridiques étudiés, souligne Vincente Fortier, mais une notion, elle aussi, complexe. » Destiné à tous les publics concernés par la circoncision rituelle, l’ouvrage propose ainsi une base d’appui solide, propice à la conciliation entre le droit et une pratique religieuse fondamentale et séculaire.
Guillaume Thépot
(1) Projet financé dans le cadre des programmes IdEx Attractivité de l’Université de Strasbourg (2015-2016)
(2) La circoncision rituelle, enjeux de droits, enjeux de vérité, édité par Vincente Fortier aux Presses universitaires de Strasbourg, 402 pages, 35 euros.
Pour en savoir plus, découvrir le carnet de recherche du programme CIRIT